Confessions de Natalie Portman fan de beauté vegan

Mis à jour le 24 août 2018 par Marie-Noëlle Vekemans
Confessions de Natalie Portman fan de beauté vegan

L’actrice américaine, et égérie de Miss Dior, a reçu le ELLE Belgique à Cannes  pour parler féminisme, claquettes et beauté vegan.

Texte : Claire Thys, traduction : Virginie Dupont.

Pas de photos ! C’est avec cet avertissement strict que le responsable de Dior nous fait entrer dans une suite de l’emblématique hôtel du Cap-Eden-Roc où Natalie Portman nous attend. Bien que le Festival de Cannes débute aujourd’hui, Natalie n’est pas venue dans le sud de la France pour monter les marches. Elle a répondu à l’invitation de Dior, qui lance une nouvelle version de son parfum emblématique, Miss Dior, dont elle est l’égérie.

La veille, le parfum a été dévoilé en grande pompe au château de La Colle Noire, refuge de Christian Dior dans les années 50. Avec son mari, le chorégraphe Benjamin Millepied, Natalie était présente parmi une foule d’autres invités prestigieux, le maquilleur maison Peter Philips, le mannequin Lily Donaldson, l’actrice Lou Doillon… « J’ai eu la chance de suivre mon amoureux en France et je suis heureuse de revenir ici aujourd’hui », a déclaré Natalie en levant son verre. Le thème de la campagne publicitaire de la fragrance revisitée est « Et vous, que feriez-vous par amour ? » Une question à laquelle Natalie a une réponse bien à elle puisqu’elle a déménagé avec sa petite famille à Paris lorsque Benjamin Millepied est devenu directeur créatif du Ballet de l’Opéra. Et même si elle a été soulagée lorsqu’il a donné sa démission et qu’ils sont tous retournés à LA – « Les Français sont sinistres » s’est-elle plainte dans le talk-show de Jimmy Kimmel – elle a clairement gardé un faible pour la douce France. « C’est l’endroit parfait pour célébrer l’amour ! »

Bien qu’elle soit restée plus tard que moi  à la petite fête – professionnelle avant tout, nous sommes rentrées pour préparer une interview… – Natalie a le teint frais quand je la retrouve le lendemain et semble d’humeur enjouée. Elle se tient droite, me serre la main puis s’assied en prenant soin de ne pas froisser sa tenue griffée Dior (une élégante jupe courte, un top ample et des sandales plates, le tout uniformément noir). Elle est si mince qu’on a peine à croire qu’elle a donné naissance à son deuxième enfant, Amalie, la petite sœur d’Aleph, 6 ans, il y a quelques mois  à peine. 

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/ Votre style a-t-il changé depuis que vous êtes maman ? 

Natalie portman. « Oui, j’ai changé de look. J’opte maintenant pour des vêtements confortables et pratiques. Comme des tops avec des boutons pour allaiter. Mais je refuse de porter des vêtements de grossesse. Je choisis des pièces pratiques mais élégantes. Il suffit par exemple d’enfiler certaines robes pour être chic et donner l’impression d’avoir fait un effort sans devoir réfléchir à des associations. Je veux continuer à donner cette image même si ce n’est pas vrai (rires). »

/ Vous êtes mariée, vous avez deux enfants et une carrière bien -remplie. Comment faites-vous pour tout goupiller ? 

N.P. « Je... Je suis débordée (rires). Sérieusement, je suis épuisée. Tant de femmes font tout ça naturellement, comme si ça ne leur demandait aucun effort. Je n’ai pas cette chance ! »

/ C’est plutôt rassurant ! Pourtant, de nombreuses femmes essaient de préserver cette image de facilité…

N.P. « J’ai aussi cette impression. Les femmes que j’admire travaillent, ont des enfants et dégagent ce « Oui, et alors ? » Je suis très heureuse bien sûr, mais tout ça est à la fois génial et extrêmement difficile (rires). »

/ Que pensez-vous de la nouvelle directrice artistique de Dior, Maria Grazia Chiuri, et de son engagement féministe dans les collections ?

N.P. « Il est évidemment intéressant de voir une femme diriger la maison Dior et je pense qu’il y a déjà là un message féministe. Nous vivons dans un monde où le leadership des femmes est encore étonnant. Or, cela ne devrait plus l’être. Je suis ravie de voir qu’elle affiche des slogans féministes sur ses T-shirts. Son engagement se marque aussi dans ses créations : des pièces que les femmes ont envie de porter. Comme les chaussures plates. Toutes les femmes aiment les talons, mais nous menons des vies dans lesquelles nous avons besoin de chaussures confortables pour courir partout. Maria Grazia dessine des vêtements de luxe qui sont à la fois esthétiques et pratiques dans la vie quotidienne. Le confort est primordial pour elle. »

/ Vous êtes vegan depuis longtemps. Quelle est l’importance de la beauté vegan pour vous et quelle est la position de Dior à cet égard ?  

N.P. « J’y accorde énormément d’importance. Dior a réalisé des sacs, des chaussures et même une veste en « cuir » vegan spécialement pour moi. J’estime que les produits de beauté ne doivent pas échapper à la règle. Les vernis à ongles Dior sont par exemple aussi clean que possible. C’est donc agréable d’être l’image de produits que j’utiliserais moi-même. »

/ Vous êtes-vous renseignée sur la griffe avant d’accepter le contrat ?

N.P. « Oui, je ne veux pas que mon visage soit associé à un produit que je n’utiliserais jamais. Nous connaissons tous l’importance de la composition des produits, il en va de notre santé et de celle de nos enfants. Ils sont en contact avec les produits de beauté que nous utilisons car notre peau et la leur se touchent  constamment. »

/ Quel est le rituel beauté que votre maman vous a transmis ?

N.P. « Elle n’a jamais fait de remarques sur mes cheveux, mon maquillage ou mon physique. C’est une personne généreuse, ce qui la rend belle. Cela peut paraître ringard, mais elle m’a appris que ce qui importait, ce n’était pas de quoi on avait l’air mais qui on était. Tout le reste suit. Je m’estime heureuse. Beaucoup de mes amies sont complexées à cause de leur mère qui leur répétait sans cesse : “ Tu dois porter du rouge à lèvres tous les jours ” ou “ Attache tes cheveux, sinon tu as l’air négligée. ” Ma mère ne me parlait jamais de mon apparence, mais bien d’amour, de respect et de travail. Ma grand-mère en revanche avait l’habitude de me dire : “ Tu ne vas quand même pas sortir comme ça ? ” »

/ Et quels conseils beauté avez-vous appris lorsque vous viviez à Paris ?

N.P. « Je suis devenue très exigeante quant aux produits que j’utilise et à leur parfum. Vous connaissez Christophe Robin ? J’utilise son shampooing et son après-shampooing à la rose, et je ne l’échangerais contre rien au monde (rires). Et les produits de Joelle Ciocco sont également fantastiques. Je les utilise pour mon visage. Les Françaises ne se lavent pas les cheveux tous les jours et elles optent souvent pour un look naturel. Elles se maquillent pour mettre en valeur leurs particularités, contrairement aux  Américaines qui veulent surtout camoufler leurs défauts. »

/ Vous avez suivi un entraînement de ballerine pour « Black Swan » et vous êtes mariée à un danseur de ballet. vous faites encore de la danse ? 

N.P. « J’aime danser et je vais encore parfois à l’un ou l’autre cours, mais pas de ballet. C’est un peu trop sérieux pour moi, j’ai un style plus décontracté. Je fais des claquettes (rires). »

/ Allez-vous pousser vos enfants à faire de la danse ? 

N.P. « S’ils le souhaitent. Je pense qu’il est important de respecter leurs goûts. Je ne crois pas que je les pousserai un jour à faire quoi que ce soit. Enfin... Je serai peut-être une maman tyrannique  qui leur dira: “ Vous allez apprendre la programmation informatique ! ” »

/ Etes-vous inquiète pour l’avenir de votre fille aux États-Unis où les droits des femmes semblent menacés ? 

N.P. « Honnêtement, je ne suis pas rassurée qu’elle grandisse dans ce contexte. Elle aura certainement une jeunesse beaucoup plus engagée que moi. Notre époque est inquiétante, mais aujourd’hui, quand les choses ne tournent pas rond, on y porte beaucoup plus d’attention et on défend plus rapidement ce qu’on estime important. Je pense que nous avons eu de la chance jusqu’à présent. Tout n’était pas rose, mais la situation n’était certainement pas aussi grave qu’aujourd’hui. »

/ Quelle leçon de vie souhaiteriez-vous transmettre à vos enfants ?

N.P. « Il ne faut pas être trop docile. Je n’aime pas trop quand l’instituteur me dit que mon fils est sage et discipliné. Je ne veux pas que mes enfants soient désobéissants, mais j’aimerais qu’ils suivent leur voie, et qu’ils agissent et pensent selon leurs propres valeurs. »

/ Vous êtes actrice depuis presque vingt‑cinq ans déjà. Le métier est-il devenu plus difficile ou plus facile au fil des années ?

N.P. « Je n’en sais pas plus qu’à mes débuts.…
Au contraire, j’ai dû perdre certaines habitudes. Jouer est peut-être plus facile quand on se lance, parce qu’on est plus spontané et un peu naïf. Le public trouve souvent un acteur plus crédible dans un rôle s’il ne le connaît pas. Mais je me sens plus libre aujourd’hui, parce que je n’ai plus la pression de devoir plaire aux autres. Je choisis mes rôles uniquement en fonction de ma curiosité artistique. »

/ Quel est votre plus beau souvenir ? 

N.P. « La rencontre avec mon mari. C’était magique ! Tout était si... Il y a des périodes dans la vie dont où on retient chaque seconde, chaque détail : le lieu, la météo, une chanson, une odeur... »

Photo : David Bellemere pour Parfums Christian Dior, Make-Up : Peter Philips, Cheveux : Bryce Scarlett, Manucurure : Nelly Ferreira, Stylisme : Kate Young.