Dice Kayek-Ece_Ayse-Portrait

À l’occasion de la Fashion Week stambouliote, nous avons rencontré Ece Ege, créatrice de la marque Dice Kayek. On vous dit tout !

Parisienne jusqu’au bout des ongles, c’est pourtant dans un superbe loft du quartier d’affaires d’Istanbul que nous avons rencontré Ece Ege. Née en 1963 à Bursa, une ville du Nord-Ouest de l’Anatolie (Turquie), elle part à Paris après ses études secondaires pour étudier l’art, sous toutes ses formes. « Le stylisme n’était pas du tout ma vocation. Je voulais faire de l’architecture », regrette-t-elle. La jeune étudiante suit un cursus à l’ESMOD et monte sa société avec une amie en 1992, juste après avoir été diplômée. « Il y avait beaucoup d’étrangers dans ma classe et ils sont tous rentrés dans leur pays. Moi je savais que si je voulais faire de la mode mon métier, je devais rester. C’est à Paris que tout se passe, et ce encore aujourd’hui. »

Elles décident ensemble de créer quelque chose qui n’existait pas encore sur le marché et commencent les collections avec uniquement des chemises blanches en popeline. Mais les aléas de la vie font que les deux associées doivent se séparer. « Avec un métier qui vous prend 28 heures sur 24, certaines personnes se rendent compte qu’il est impossible de concilier ce travail avec une vie de famille ». La marque prend de l’ampleur mais les années passent et la lassitude commence à s’installer. « J’en avais marre de faire des collections commerciales, je ne trouvais pas ça du tout excitant », explique Ece Ege.

En 2009, elle décide de créer une collection couture « très spéciale, très belle, très exclusive », nommée Istanbul Contrast, où chaque pièce ressemblerait à une partie de la capitale turque. « J’aime raconter Istanbul car c’est une ville fascinante qui mérite d’être vue autrement. Cette collection, c’est une ville de contrastes racontée à travers les vêtements ». Entre autres, les robes en organza rose pâle pour rappeler les loukoums, les broches et pierres énormes pour imiter les joyaux du Palais de Topkapi ou encore la jupe Istanbul Flowers, en hommage à la tulipe, symbole d’Istanbul.


Une collection magnifique qui méritait d’être admirée dans un endroit spécial. « Nous avions pensé à une galerie d’art mais il fallait être au cœur de Paris pour ne pas passer inaperçu. » Après quelques temps de réflexion, la sœur d’Ece, Ayse Ege, contacte le directeur du Ritz de l’époque, Ömer Açar, qui leur propose gracieusement le Ritz Bar pendant les évènements lors de la Fashion Week. « On a fait une scénographie très mystérieuse, avec des senteurs, exactement comme une exposition. Tous les modèles étaient exposés avec simplement une lumière au dessus des pièces », raconte-t-elle. « On a eu un succès fou et cela m’a donné énormément de plaisir car mes créations étaient admirées autrement : c’était plus profond, plus intellectuel. »

La machine était lancée. La collection a remporté le Jameel Prize 2013 et fait le tour du monde des musées : Istanbul Modern en Turquie, Amsterdam Museum en Hollande, Victoria and Albert Museum à Londres, Hermitage Museum de Kazan, New Manege à Moscou… La dernière étape du voyage aura lieu au Qatar, durant ce mois de novembre. Malgré tout, Ece Ege ne pense pas que sa culture est un atout. « Ma nationalité ma aidée juste pour ce prix », affirme-t-elle. Ce qui l’inspire le plus, ce n’est pas la Turquie, mais bel et bien les gens dans la rue. « Dès que je suis dans un café, je scanne tout le monde, c’est inexplicable. » C’est ainsi que la créatrice élabore toutes ses collections, y compris la prochaine que vous retrouverez sur les podiums fin janvier 2016, à l’occasion de la Fashion Week Haute Couture.

Pour connaître les secrets de beauté de la créatrice, lisez la suite >>>