- Ceci n’est pas une forme de préliminaire
La pratique tend-elle à modifier la sexualité ? Une participante, Lee, m’éclaire : « Cela dépend d’une personne à l’autre, en fait. Il n’y a pas de règle. Pour moi, ce fut une libération sexuelle, mais je viens de loin. Personne ne parlait de ça dans ma famille. Pour certains, cela permet d’élargir les horizons. D’autres expérimentent, explorent. J’ai vu des couples complètement transformés par leur participation aux ateliers, comme des animaux retenus en cage trop longtemps. Sans doute cela se stabilise-t-il avec le temps. »
Il ne s’agit pas d’une forme de préliminaires amoureux, me corrigent plusieurs participants à qui je pose des questions durant la soirée : « On nous attribue des séances de masturbation collective. Ceux qui le pensent sont vite écartés… ou découragés, déçus. Tant mieux ! »
Mais tout de même, Nicole Daedone a peut-être bien réinventé, avec sa pratique, l’amour charnel sous la forme d’une infinité de préliminaires, mais surtout d’un acte insoumis à l’éjaculation masculine : la femme a repris le pouvoir. Une idée que Daedone défend avec vigueur.
- Ils racontent
Karenn, 44 ans, de San Francisco
« J’y suis allé parce que je me sentais seule. J’y suis allée parce que je me sentais nulle au lit. J’y ai rencontré un mec qui n’avait rien à voir avec le type d’homme que je cherchais, vingt ans plus âgé que moi. Mais au-delà de ça, j’ai appris à accepter que mon absence de désir était juste une absence d’éveil au désir. Je ne pratique pas tous les jours, mais plusieurs fois par semaine, avec mon partenaire. L’effet le plus étonnant, c’est l’affirmation de soi dans ma vie professionnelle. Peut-être que tout était lié : sexe, stress, désir, échecs amoureux. »
Jeff, 35 ans, de Berkeley
« Nous ne vivions pas sur la même planète. J’imposais à ma femme le coït en essayant de la faire jouir. Et j’étais obsédé par mon propre plaisir. Je ne connaissais rien aux femmes avant de démarrer ce coaching. Mais pour ma défense, je dirais que ma femme n’avait pas la moindre idée de son plaisir, en tout cas pas de mots pour me l’expliquer, avant. Nous avons tous les deux grandi en pratiquant. Et je me suis rendu compte qu’en supprimant l’éjaculation, mon énergie sexuelle s’éteint moins rapidement. Elle imprègne un peu plus notre vie de couple, un peu moins des moments précis et isolés. »
Kirstenn, 51 ans, de Santa Cruz
« J’y vais, je n’y vais plus. C’est un peu au gré de mes chutes et rechutes. J’y ai trouvé mes meilleurs amis. En tout cas des personnes avec qui je peux aborder des pans de ma personnalité qui sont éteints en société. Je ne pratique pas l’OM sur base régulière. Pour moi, c’est avant tout un lieu de socialisation où je me force à dire ce que je suis, ce que je ressens, en public et sans qu’on me juge. Tout ce que le monde professionnel n’est pas… Surtout ici, dans la Silicon Valley. »