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@lukaorluca for SMETS

Le créateur de la marque Off-White et accessoirement directeur créatif de Kanye West était de passage à Bruxelles début novembre. Interview.

Virgil était l’invité d’honneur d’un dîner intime organisé par Smets et Elisabeth Ouni. L’occasion de découvrir sa collection automne-hiver 2015 et de discuter avec l’un des cerveaux créatifs les plus prolixes de ces dernières années.

Pour ceux et celles qui ne le connaissent pas, rapide bio:

Le bonhomme vient de Chicago, est fan de Michael Jordan et de Raf Simons. Il est diplômé en architecture. Il est, depuis 2002, le directeur créatif de Kanye West. Késako ? En gros il est le conseiller suprême de Kanye dans tous les processus créatifs partant du merchandising des tournées, aux cover d’albums en passant par la scénographie des concerts.

Après Pyrex Vision, la boutique pour homme RSVP Gallery, des collaborations avec Hood by Air et #BEENTRILL# il lance la marque de prêt à porte: Off-White.

Off-White, ça veut dire quoi?

Je cherchais un nom qui ne soit pas trop évident. C’est quelque chose que j’ai appris en travaillant avec des artistes, il faut toujours laisser la possibilité aux gens de trouver leur propre signification. Off-White, c’est une zone grise, c’est entre deux choses, mais je ne voulais pas utiliser le mot gris que je trouve trop “froid”. Off-White est une couleur plus sophistiquée, c’est plusieurs couleurs: crème, gris, noir, blanc…

Vous êtes un fan inconditionnel de Raf Simons. Pourquoi? Et quelle influence a-t-il eue sur votre travail créatif ?

Pour moi la mode est un art bâti sur des piliers créés par des designers. Certains sortent du lot et réussissent à créer un véritable genre. C’est comme en musique quand quelqu’un arrive avec un nouveau son, parfois c’est tellement nouveau et différent que cela devient un style musical comme la techno ou le rap. Raf fait partie de ces designers, il a modernisé la mode, il y a des années il était déjà en avance, c’est un avant-gardiste. Le style qu’il a créé il y a 10 ans est encore et plus que jamais d’actualité.

Je viens du streetwear, mais selon moi le streetwear est éphémère, je veux proposer quelque chose de nouveau. Un nouveau genre.

Est ce que le terme streetwear veut encore dire quelque chose alors que ce style a totalement été intégré dans la mode avec un grand M?

Au début quand les journalistes me catégorisaient “streetwear”, j’étais un peu vexé. J’ai plus d’idées que ça ! Mais lors de mon dernier défilé femme j’ai décidé de me servir de ce terme, de l’élever, d’inventer une nouvelle version du “streetwear”.

Quels genre de liens voulez-vous créer entre les gens?

Je veux innover! Des designers comme Raf, Margiela, Phoebe Philo, Riccardo Tisci, ont inventé un langage. Ce n’est pas juste de la consommation. Je voulais dire quelque chose, exprimer un point de vue, que selon moi personne n’exprimait. Le streetwear comme on l’a connu est démodé, comme le disco à pu l’être à son époque, c’est donc le moment idéal pour “traverser le pont”, mélanger, faire bouger les choses.

Quelle est la première pièce de mode que vous avez achetée, pourquoi et quelle émotion cela vous a-t-il procuré?

J’ai grandi dans la années nonante, le skate, les t-shirts à 30 dollars. Mais je viens de Chicago comme Michael Jordan, mon premier achat important était une paire de Jordan. Et cela se reflète dans mon style actuel.

Qu’est ce qui est beau selon vous?

Je ne sais pas, je ne recherche pas la beauté au sens premier du terme. Je n’ai pas été éduqué à apprécier le beau, je préfère parler de “beautiful irony”.

Que pensez-vous de la collaboration entre Balmain  et H&M (l’entretien a eu lieu deux jours après le lancement) ?

C’est mon but de créer quelque chose pour une grande marque, donc je valide. Je trouve ça très moderne comme démarche.

Vous êtes obsédé par la jeunesse, la culture jeune…c’est quoi vieillir pour vous?

Je crois que je vieillis en rajeunissant (rire)? Je retourne à des trucs que j’aimais avant et je pense que c’est cela grandir. Et puis comme le dit Karl Lagerfeld, la jeunesse ou la vieillesse n’existent pas, c’est juste un état d’esprit…

Les photos du dîner White-House chez Smets:

Photos: @lukaorluca for SMETS

Merci à Virgil Abloh pour son temps et sa coolitude, merci à Smets de nous avoir invité à ce dîner et merci à Elisabeth Ouni d’avoir rendu tout cela possible.