Sabine Panet, l’indignée
Rédactrice en chef du magazine « Axelle », le mensuel édité par l’organisation Vie Féminine, elle est aussi l’auteure de plusieurs romans jeunesse. Le dernier en date : « La tête ne sert pas qu’à retenir les cheveux », avec Pauline Penot (Editons Thierry Magnier).
« Partout, les femmes sont les premières à souffrir de la précarité, et la Belgique ne déroge pas à la règle. Alors que toutes les politiques adoptées devraient être passées au crible de l’égalité hommes-femmes au nom de la loi sur le gender mainstreaming, les mères de famille monoparentale sont les plus concernées par les mesures socio-économiques des gouvernements actuel et précédent, la réforme des pensions approfondit les écarts de revenus… Ces questions sont traitées par les médias, mais les sujets sont trop rares au regard de la gravité de la situation. Après avoir travaillé pendant cinq ans au sein d’une organisation africaine de lutte contre l’excision et le mariage forcé, il m’était impossible de ne pas poursuivre sur la voie du féminisme en Europe.
Mon approche, c’est de considérer les femmes dans toute leur diversité et de ne pas les voir comme des victimes, mais comme des combattantes. Même si nos quotidiens sont différents, on a beaucoup de choses en commun avec les femmes du monde entier, avec les Argentines qui se liguent contre Monsanto, avec les Ouest-Africaines qui se révoltent contre l’excision, avec les Grecques qui s’organisent contre l’austérité. Ce qui nous unit toutes, c’est le développement de stratégies de défense et de détournement de l’autorité. Quelles que soient nos origines, nous sommes toutes les héritières d’une culture de résistance.
C’est cet héritage qui nous rend fortes et qu’il faut entretenir, les valeurs de sororité (le pendant de fraternité, NDLR), d’entraide, de solidarité. Pour moi, c’est ça la féminité plutôt que des normes irréalistes qui voudraient qu’on soit toutes minces, blanches, jeunes et blondes. Est-ce qu’on est féminine parce qu’on est toujours bien coiffée, polie et discrète comme devaient l’être nos grands-mères ? En réaction à toutes ces injonctions, les féministes provoquent, elles sont subversives, elles jouent avec les codes ou les détournent. Elles incarnent la diversité des femmes contemporaines. »