Sofie Peeters, la justicière
Son film « Femme de la rue » sur la banalisation du harcèlement de rue à Bruxelles a lancé le débat sur le harcèlemebt de rue. Aujourd’hui, Sofie Peeters est journaliste à la VRT.
« Quand je vois qu’un hebdomadaire flamand fait encore sa couverture avec des hommes au milieu de deux paires de seins nus en titrant : “Ce que veulent les hommes”, ça me donne envie de hurler au secours. Et si c’est pour rigoler, je ne trouve pas ça très drôle que des médias perpétuent ce genre d’images où la femme n’est qu’un objet sexuel. Suite à la sortie de mon film “Femme de la rue”, en 2012, on a beaucoup parlé du harcèlement de rue en Belgique. Soudainement, des femmes qui se considéraient victimes de pelotages ou d’insultes étaient prises au sérieux. On ne pouvait plus nous blâmer, nous dire qu’on exagérait, qu’on n’avait pas le sens de l’humour ou qu’on ne comprenait rien aux compliments.
Je suis très heureuse que le débat ait contribué à l’adoption de la loi Milquet contre le sexisme et le harcèlement de rue, mais je pense que celle-ci est plus symbolique qu’effective. Essayez d’aller déposer plainte au commissariat de police parce qu’un homme vous a traité de “salope”… Dernièrement, c’est arrivé à une jeune femme à Anvers. Les policiers lui ont répondu qu’elle n’aurait pas dû se trouver dans ce quartier-là à cette heure-là, et encore moins dans les vêtements qu’elle portait ! Est-ce qu’un homme qui se fait agresser est traité de la même manière ? C’est absurde et inadmissible que les femmes, au quotidien, doivent trouver des stratégies pour passer inaperçues dans les lieux publics.
Le changement viendra de la sensibilisation des enfants à l’école, quand on leur aura expliqué que certains comportements sont inadmissibles, quand les filles auront appris à réagir. Se faire insulter parce qu’on refuse de donner son numéro de téléphone, c’est toujours une forme de souffrance. C’est pour ça que je suis féministe, je défendrais n’importe qui dans la même situation. Je suis féministe, mais je suis aussi environnementaliste, je défends les droits des enfants, ceux des minorités, etc. Je réagis avant tout aux situations d’injustice. »