En Angleterre, le comté du Nottinghamshire vient de classer le harcèlement de rue parmi les « crimes haineux misogynes ». Et en Belgique ?
Dézipper sa minijupe et enfiler un pantalon pour sortir, le geste est devenu tristement banal. En juin dernier, une étude réalisée par la FNAUT révélait que 48% des Françaises interrogées adaptaient leur look pour utiliser les transports en commun. Les filles sont concernées dans le monde entier et yes, l'Angleterre a décidé de bouger. La police du comté de Nottinghamshire et le Nottingham Women’s Centre (un centre d’aide aux femmes) ont collaboré pour que, dans cette région, le harcèlement de rue soit considéré comme un « crime haineux misogyne ». Ca concerne quoi ? « Tout incident contre des femmes qui est motivé par une certaine attitude d’un homme envers une femme, y compris les comportements dirigés vers une femme par des hommes simplement parce qu’elle est une femme ».
On décode : un mec qui se permet une main aux fesses ou qui siffle un fille dans la rue peut faire l'objet de sanctions pénales. La bonne idée du comté de Nottinghamshire, c'est aussi d'avoir formé ses policiers, pendant trois mois, à la lutte contre les crimes de misogynie. « Ce que les femmes affrontent, souvent quotidiennement, est absolument inacceptable et peut être extrêmement éprouvant », a indiqué la cheffe de la police locale, Sue Fish, dans un communiqué. « La police de Nottinghamshire est engagée à prendre les crimes haineux misogynes au sérieux et encourage les personnes qui en sont victimes à nous contacter sans hésitation ».
>> Et en Belgique?
Chez nous, le harcèlement ou l'insulte sexiste en rue est puni par la loi depuis 2014 sous l'impulsion de Joëlle Milquet. Les communes peuvent infliger des sanctions administratives mais dans les faits, elles le font rarement. « Des amendes allant jusqu'à plusieurs centaines d'euros peuvent être données mais le problème, c'est que le flagrant délit est nécessaire. Les femmes doivent prouver qu'elles ont été harcelées. Souvent, lorsqu'elles portent plainte, elles ne sont pas prises au sérieux et il n'y a pas de suite. C'est vrai que la loi est difficilement applicable mais le fait qu'elle existe est déjà très positif. Avant de pouvoir changer les choses, il est indispensable de définir le sexisme en Belgique. Et nous sommes l'un des pays les plus avancés sur le sujet », explique Pauline Pourtois, coordinatrice de Touche Pas A Ma Pote.
L'avis de Céline Caudron, coordinatrice à Vie Féminine : « La loi a le mérite d'exister en Belgique mais le problème n'est pas pris dans sa globalité, le sexisme trouve sa place partout. Le fait que le harcèlement de rue soit considéré comme un crime dans une région d'Angleterre est une bonne chose. Cela montre que le sexisme est grave et inacceptable, c'est important symboliquement mais ça ne suffit pas. Il faut un travail de prévention et une vraie application de la loi. Souvent, dans les commissariats, les hommes se marrent quand le harcèlement de rue est dénoncé. C'est important que les policiers, les juges soient formés et que les femmes elles-mêmes prennent conscience qu'elles ont le droit de se promener en minijupe. »