Certaines subtances contenues dans nos cosmétiques, nos vêtements et nos produits ménagers perturberaient notre cycle hormonal.
Faut-il s’inquiéter ?

Crème hydratante, shampooing et déo sont-ils vraiment inoffensifs ? La mention « sans parabène » garantit-elle leur innocuité ? Peut-être pas, hélas. Cela fait plusieurs années que les produits cosmétiques sont dans le collimateurs des scientifiques, des environnementaux et des associations de consommateurs : leurs formules un peu trop chimiques finiraient par nuire à notre santé.

Depuis quelques mois, il existe même une base de données en ligne (publiée par l’Union fédérale des consommateurs francais – Que choisir) reprenant un échantillon de 185 produits cosmétiques potentiellement dangereux. Shampooings, gels douche, déodorants, laits de toilette, crèmes hydratantes y sont passés au peigne fin. L’UFC reproche à ces produits d’être allergisants, irritants ou « perturbateurs endocriniens », c’est-à-dire dangereux pour notre équilibre hormonal. « Les perturbateurs endocriniens sont des substances qui, comme leur nom l’indiquent, perturbent notre système hormonal. Elles interfèrent dans le flux d’hormones qui régit des tas de fonctions de notre corps », explique la sénatrice Petra De Sutter.

L’une des conséquences de l’exposition à des perturbateurs endocriniens est le développement de cancer hormonodépendants (comme le cancer du sein) ou de troubles de la fertilité. En Europe, l’infertilité concerne un couple sur six. En Belgique, un couple sur cinq. « Cela fait vingt ans que la médecine étudie les effets de l’environnement sur la fécondité. Il est désormais clair que certains produits ne sont pas innocents. » Avec sa double casquette de politicienne et de chercheuse (au sein de l’Université de Gand) en médecine de la reproduction et de la fertilité, Petra De Sutter mène un combat contre le manque d’information en matière de perturbateurs endocriniens. Car ces substances ne sont pas seulement présentes dans les cosmétiques, mais aussi dans une kyrielle de produits de consommation courante comme les emballages plastiques, les bouteilles, les jouets pour enfants ou les textiles, sans oublier les pesticides.

Si elles n’ont pas encore été interdites, c’est que leur nocivité reste très compliquée à établir. « Les études scientifiques sur les effets des perturbateurs endocriniens ne sont pas simples à mener. Ce ne sont pas des substances qui vont tuer de manière foudroyante. Ce que nous soupçonnons, c’est que l’accumulation de tous ces produits provoque un effet “cocktail”. En d’autres termes, l’exposition à plusieurs de ces substances en même temps peut augmenter leur toxicité. »

Rassurez-vous, ce n’est pas parce que vous croquez dans une pomme mal lavée et que votre shampooing n’est pas bio que vous allez mourir demain. Mais, sur le long terme, mieux vaut être vigilant. Les mises en garde des scientifiques ne tombent d’ailleurs pas dans l’oreille d’un sourd et l’industrie finit toujours par s’adapter. C’est ainsi que les grandes marques de cosmétiques ont progressivement éliminé le parabène de leurs formules, alors qu’il était présent dans 80 % des produits depuis quarante ans. Agissant comme conservateur, le parabène a été soupçonné d’accroître les risques de cancer du sein et d’infertilité chez les hommes. En 2011, la loi française en a même banni l’utilisation. En Belgique, il n’est pas légalement interdit mais doit être mentionné sur l’étiquette des produits, au même titre que tous les autres composants chimiques.

Pour savoir si les produits cosmétiques que vous utilisez sont potentiellement toxiques, comparez leur formule avec les substances indésirables répertoriées sous la rubriques « Substances toxiques dans les cosmétiques » du site de l’UFC : http://test-comparatif.quechoisir.org

Louise Culot