Il y a des jours (des mois...) où le désir fout le camp. Nos pistes de solutions avec la sexologue Charlotte Ledent.
Après un accouchement
Charlotte Ledent. « C’est un chamboulement monumental. Il faut retrouver l’équilibre par rapport à soi, d’abord, apprendre à connaître ce nouveau corps, accepter le changement. Parce qu’il y a toujours un changement. Même si on retrouve son poids d’avant. Des choses se passent physiquement, hormonalement, mais surtout psychologiquement. Ça ne sera plus jamais comme avant. Au niveau du couple, on ne sera plus jamais deux. Celui ou celle qui partage notre vie devient aussi père ou mère, et tout cela a des implications fondamentales sur le désir. La notion de la légèreté est différente… Pour retrouver le désir, il faut réexplorer, communiquer sur ce qui a changé, dire à l’autre qui on est à présent, faire un pas vers la complicité. Recréer du lien avant de se focaliser seulement sur la sexualité obligée, la notion de performance, là, tout de suite. »
>>> Le conseil de la rédaction. C’est le moment de retrouver l’usage de la bouche et des mains. Fichez la paix à votre vagin...
Après 10 ans de vie de couple
C. L. « On a évolué, on a changé au cours du temps. Il n’y a pas d’effet choc, mais quelque chose d’insidieux qui a pu s’installer. Il faut recréer quelque chose qui secoue. C’est par exemple le moment de faire quelque chose qui excite l’autre et qu’on a toujours refusé (par paresse, il n’est évidemment pas question de se forcer!). Le ou la surprendre, créer une vraie relance, établir un rythme non contraignant mais auquel on se tient. Le désir et le plaisir s’entretiennent, vraiment. »
>>> Le conseil de la rédaction. Faites chambre à part et retrouvez-vous, à l’occasion, pour du sexe, du bon ! Le plaisir sans les ronflements...
Après une infidélité
C. L. « Quelque chose de très subtil se passe après ça. Ça peut être difficile à gérer parce que la plupart du temps, c’est le narcissisme qui est blessé. Avoir des relations sexuelles n’a plus rien d’épanouissant, parce que des images de son ou de sa partenaire avec un ou une autre viennent parasiter le moment. Si le partenaire est excité, on peut par exemple se demander s’il pense à ce qu’il a fait dans d’autres draps… Mon conseil, c’est de revenir à une sexualité complice. Il faut rassurer l’autre là où il a été blessé. Disponibilité, écoute, douceur, sans condescendance et avec beaucoup de tendresse. »
>>> Le conseil de la rédaction. Notez que vous avez droit, après son incartade, à un « joker connerie » à utiliser comme vous l’entendez. Profitez-en !
Après une maladie
C. L. « Souvent, la personne malade a considéré – à juste titre – qu’être désirable n’était pas une priorité. Quand on se soigne, on peut se mettre en retrait par rapport à sa sexualité. L’autre peut difficilement faire part de son désir, il se met en retrait et tout le monde prend sur soi. La situation se place entre respect et frustration. Pour sortir de cela, il faut d’abord que la personne qui a été malade fasse un travail de reconstruction d’elle-même. Il faut d’abord être désirant avant de se sentir désirable, puis aller vers l’autre, quand on se sent prêt. »
Le conseil de la rédaction. Vous avez eu peur, alors c’est le moment de profiter. Pour vous « relancer », faites absolument tout ce que vous n’avez jamais osé tester !
Après une première fois
C. L. « La deuxième fois est en principe moins compliquée et stressante que la première. La partie fantasmatique est devenue plus réelle. On s’est rapprochés, on connaît mieux l’autre et on sait mieux comment éveiller son désir et notre envie. Le terrain est toujours à conquérir, donc c’est excitant, mais on a beaucoup plus d’infos qui permettent d’aller vers une satisfaction mutuelle, donc… on se détend ! »
>>> Le conseil de la rédaction. Ne vous déshabillez pas avant d’avoir sifflé au moins une demi-bouteille de rosé. La désinhibition, c’est la clé ! (Mais l’abus d’alcool est dangereux pour la santé…)