Le premier jour de cette exceptionnelle fashion week parisienne, Anthony Vaccarello présentait sa très attendue collection pour Saint Laurent. Dans le respect de l’héritage, et avec une empreinte personnelle forte.
Tout le monde l’attendait au tournant, il a pris le virage dans du velours. Rue de Bellechasse, dans les futurs locaux de Saint Laurent encore en travaux (c’est une litote, on assistait en réalité au défilé sur un chantier, avec grue illuminée aux couleurs de la France). Un chantier, c’était de circonstance : dans cette maison si viscéralement emblématique de la capacité d’évoluer de la couture et la culture françaises, l’avenir reste, comme pour chacun, à bâtir.
Le sigle YSL, avec “Yves” bien présent donc, illuminait la nuit, en suspension. Du coup, on s’interrogeait : “doit-on dire “Yves Saint Laurent”, ou “Saint Laurent” ? Depuis que son prédécesseur Hedi Slimane a supprimé le Y, comment savoir ?” Pas de confusion possible pourtant : la marque s’appelle toujours “Saint Laurent”, et “YSL” est totalement présent dans la nouvelle identité maison. Ce défilé était un hommage, un témoignage de loyauté à l’histoire du créateur originel, et une démonstration que si le futur est déjà dans l’évolution, Vaccarello sait à la fois où il va, et d’où vient la marque.
Au premier rang, Pierre Berger veillait. Près de lui, les muses et amies d’Anthony Vaccarello, Charlotte Gainsbourg, Lou Doillon et leur mère Jane Birkin, témoignaient de leur soutien, de leur confiance et de leur évident plaisir d’être là.
La collection, maintenant. On y retrouve les essentiels de la signature du Belge : des échancrures, des découpes graphiques nettes, beaucoup de jupes et robes courtes, l’usage adoré du noir. Pourtant, Anthony n’a pas fait “du Vaccarello”. Conscient de la mission qui lui a été confiée, et respectueux des fondations de la maison, il a subtilement mêlé son univers aux codes Saint Laurent. Le smoking réinterprété, lui-même l’affectionnait déjà dans ses propres collections, le revoilà, androgyne dans l’idée, tellement féminin sur la peau. Des drapés et lamés années 70-80, une transparence bien distillée – assumée sans impudeur – des épaules marquées, des découpes en rondeurs, et pour affirmer que les genres sont transversaux, une chemise pour elle, et pour lui. C’est toute la philosophie de cette première collection statement : une évolution dans la conscience d’une identité de subversion douce à respecter, des fondements d’hyper-féminité et des échanges de fluides stylistiques entre les vestiaires hommes et femmes et réciproquement.
Le pari est réussi, les fondations restent solides, Anthony Vaccarello n’a plus qu’à construire.
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