Interview Jared Leto Gucci Guilty 2

La révolution drastique subie par Gucci l’année passée n’aura échappé à personne. La maison, jadis bastion du véritable luxe à l’italienne, a connu plus d’un revirement au cours de ces dernières décennies. Une attitude porno chic sous Tom Ford, au sommet avec des campagnes géniales mais controversées – considérées comme en défaveur de l’égalité de la femme par les critiques. La période très réussie de Ford a été suivie de la douceur de Frida Giannini. La créatrice italienne a moins donné dans le choc, lançant un style plus froid. Avec elle, la maison Gucci a également participé à plusieurs campagnes en faveur des droits de la femme, telles que le programme Chime for Change, en collaboration avec Beyoncé Knowles et Salma Hayek. Après dix ans à peine, elle semblait avoir fait le tour de Gucci – à moins que ce ne soit l’inverse – et elle s’en est donc allée. C’est ainsi qu’un bel inconnu, Alessandro Michele, est arrivé à la tête de la maison italienne en 2015. L’homme était pourtant une valeur sûre de la maison depuis plusieurs années, mais en coulisses. Son passage de l’ombre à la lumière ne pouvait être plus grandiose.

Il a d’emblée présenté une nouvelle vision : Gucci, qui avait connu successivement une sexualité explicite et l’émancipation de la femme, serait désormais sous le signe de l’émancipation tout court. Plus de règles, plus de directives, plus de soucis. Au propre comme figuré, Michele allait s’adonner au mix&match. Sa passion pour les meubles poussiéreux et les tissus d’ameublement, pour all things crazy et pour tout ce qui ne cadre pas se transpose dans des collections éclectiques qui, depuis un an, ne récoltent que des louanges. Au figuré donc, tout est dans le mix : hommes et femmes, enfants et adultes, humains et animaux, ombre et lumière, bien et mal… Tout bénéficie d’un éclairage nouveau. Une nouvelle aube qui remet Gucci sur le devant de la scène, et pour laquelle les guilty pleasures ne peuvent exister que pour être pleinement vécus.