Après le défilé de mode, place à Gucci Beauty, et c’est là qu’entre en jeu Jared Leto. Il partage avec Michele une passion pour l’amour absurde et les coiffures à la Jésus, et tous deux vouent une haine féroce des règles. Il n’y avait pas meilleure figure de proue pour la nouvelle campagne Gucci Guilty. Cette dernière a été mise en scène par Michele en personne à Venise, haut-lieu de la dépravation exemplaire. On peut voir Leto, dans la lumière dorée du petit matin – il est question d’une nouvelle aube, ne l’oubliez pas – songeant à son acte effroyablement audacieux de la veille au soir. Les deux jeunes filles étendues, à moitié nues, dans son lit d’hôtel vous donnent une idée du mauvais pas en question. « Venise était l’endroit idéal pour cette histoire », lance-t-il d’emblée dans la pénombre de cette chambre d’hôtel un rien moins sexy. « C’est une ville magique, qui n’aurait jamais dû exister, en raison de sa situation géographique pour le moins défavorable. Elle ne doit son existence qu’à l’obstination des Vénitiens. Et à leur décadence, évidemment. Sans décadence, point de vie… »
Une dépravation productive, donc. J’ai voulu savoir quel avait été le plus grand acte de débauche de Leto. « Je ne pense pas que nous puissions en parler », répond-il presqu’en s’excusant. « J’aurais pu mal tourner. J’ai déjà connu de nombreuses situations décadentes qui ne peuvent vraiment pas faire l’objet d’une publication. » Jared Leto a été élevé par une mère hippie, qui l’a entouré, lui et son frère Shannon – cofondateur de 30 Seconds to Mars – d’artistes divers et variés, et qui lui a surtout laissé suivre sa voie. « Mon éducation n’a pas connu beaucoup de règles. Il y avait bien évidemment quelques bases à respecter, mais il n’était pas vraiment question de conformisme. Je croyais sincèrement dans le fait de faire ce que je pouvais, et de suivre mon intuition. Tant que vous ne faites de mal à personne, les règles sont juste là pour être enfreintes. » Rien d’étonnant donc à ce que l’acteur recherche, au travers de ses rôles, des personnages dénués de toute forme de conformisme. L’été passé, vous avez pu l’admirer dans le rôle de l’exécrable Joker, dans le très attendu Suicide Squad. Un rôle qui l’a fait glisser vers le côté obscur. Leto est connu pour s’impliquer énormément dans la préparation de ses films, parfois au détriment de sa propre santé. Il reste dans son rôle durant toute la durée de la réalisation du film. Rien d’étonnant donc à ce que l’aimable Joker ait exercé son pouvoir sur lui à la longue. « C’est en fait un chouette gars, avec un terrible sens de l’humour. Vous ne me trouvez peut-être pas très sympa aujourd’hui (parce que je suis malade, et il tousse), mais en général je suis quelqu’un de très marrant moi aussi. Son humour est sombre, tranchant. L’un de ces humours qui vous enveloppe et vous captive. Je le trouve addictif, il fait et dit tout simplement ce qu’il a envie de faire ou de dire. La réalisation du film est terminée, et il me manque, car nous avons vécu beaucoup de choses terribles ensemble. » Un exemple ? A la fin d’une longue journée de tournage, Leto a envoyé à sa partenaire à l’écran, Margot Robbie, un paquet-cadeau contenant un rat. A sa grande déception, l’actrice ne fut pas choquée le moins du monde et adopta l’animal. « Elle l’emmenait partout sur la scène, c’était étrange. »