Nous avons rencontré Fred lors du dernier festival de Cannes. Il nous a parlé de son métier, mais aussi de sa relation particulière avec certaines des plus grandes actrices françaises. Rencontre.
Comment êtes-vous devenu maquilleur ? Quelle est votre formation ?
J’ai un parcours atypique, j’ai été danseur pendant vingt-cinq ans. J’ai travaillé à l’Alcazar, aux Folies Bergères, à la télé pour des émissions comme Sacré Soirée… Je me suis vraiment amusé pendant toutes ces années, mais la danse c’est éphémère, il a fallu que je pense à la suite. J’aimais bien le maquillage, je me maquillais, je maquillais mes copines du Crazy Horse et j’étais assez doué. Quand j’ai arrêté la danse à trente sept ans, j’ai fait une formation de maquilleur pour marquer la transition, mais j’avais déjà le truc en moi et cela m’a permis de travailler très vite. J’avais presque quarante ans, j’étais en classe avec des nanas de vingt ans qui avaient des BTS d’esthétique et qui hallucinaient que je sache maquiller et que j’ai une idée aussi précise de la beauté. C’était très amusant.
J’ai commencé à travailler avec des actrices assez rapidement, car je me sentais prêt à accueillir leurs émotions, leurs insécurités, et je pense que c’était aussi lié à mon âge. C’est plus facile d’écouter et de comprendre quand on à quarante ans.
Parlez nous d’elles justement. Comment sont-elles? C’est comment de travailler avec elles?
Je vis pleinement et humainement la relation qui s’installe entre ces femmes et moi. J’adore leur intimité, la dimension un peu « psy » de mon métier. Ce sont des femmes que j’admire, qui se mettent en danger.
Elles savent ce qui leur va, ce qui ne leur va pas. Quand je m’occupe d’une actrice, à Cannes par exemple, je discute, je pose des questions, je lui demande ce qu’elle veut et à partir de là, elle me laisse décliner mes inspirations. On décide ensemble du look beauté. C’est la partie très intime entre le maquilleur et l’actrice. Dior nous laisse très libre. L’important c’est qu’elle soit belle, qu’il y ait des belles photos, que Dior soit fier. On est là pour ça.
C’est comment Cannes pour un make up artist?
On a des rythmes plutôt soutenus. Mais on a la chance de travailler pour une maison très élégante qui ne nous noie pas. Quand on bosse avec une actrice, Dior nous laisse la possibilité de rester toute la journée avec elle. Je viens de passer trois jours avec Nathalie Baye. Une femme délicieuse et une actrice géniale.
Est ce qu’il y a un maquillage spécial red carpet?
Non. Pour une montée des marches, je maquille comme pour un dîner. Je ne travaille pas pour les photographes, je travaille pour que ces femmes se sentent bien.
Vous avez l’habitude, et l’envie de travailler sur des peaux « matures ». Pourquoi ?
J’adore les femmes qui ont un certain vécu, parce qu’elles sont pleines d’expériences. C’est mon truc. J’aime humainement ces femmes là parce qu’elles sont remplies d’une expérience de vie et d’une expérience professionnelle. Ça fait peur à beaucoup de maquilleurs parce que ce sont des peaux un peu plus compliquées.
Sur les peaux matures il faut travailler très léger. Il faut changer le focus au niveau des yeux. Il faut regarder la femme autrement et la sublimer. Les codes ne sont pas les mêmes, on évitera de faire une paupière complètement pleine, plutôt faire un ras de cils que l’on dégrade, on va accentuer sur le haut de l’œil et éviter de maquiller le bas. L’idée c’est de remonter, up, up, up ! Un joli travail de sourcils et beaucoup de lumière. Beaucoup de cils. On travaille le contour des lèvres et on les hydrate à mort !
Quelles sont vos principales sources d’inspirations?
Je suis inspiré par la vie, par ce que j’observe, par ma petite maison dans le sud-ouest en pleine nature. J’adore les couleurs, les collages, Klimt. C’est une question de moment. Ce que je vois, ce que je sens. Je fonctionne à l’instinct.
Quel est selon vous le pire beauty faux pas ?
Le contouring ! J’aime les choses très légères, quel que soit l’âge. Je n’aime pas les choses qui se voient. L’art du maquillage c’est que cela ne se voit pas. Tout doit être fondu dans la peau. Le maquillage c’est recréer une deuxième nature, c’est aller « dans » la personnalité de la personne.
Un rituel beauté simple à nous conseiller?
Se démaquiller et HYDRATER ! La peau, les lèvres, le corps… Il n’y a pas de crème miracle, il faut prendre soin de soi au quotidien. Et c’est compliqué parce que nous vivons dans un monde qui cherche à nous faire croire le contraire. Moi je me bats en essayant de faire comprendre aux femmes que c’est sur la longueur que les effets vont se voir.
Quels produits une femme doit-elle toujours avoir dans son sac ?
– Un lipbalm, absolument ! Il n’y a rien de pire que des lèvres pas hydratées.
C’est ce genre de détails qui font toute la différence sur un visage. Quel que soit son âge. Et on peut l’utiliser sur les paupières pour un effet glossy.
– Un blush. Le blush amène un truc immédiat sur le visage. Cela le restructure.
– Un anticerne
– Un gel à sourcils car le sourcil habille l’œil.
– Un bon mascara.
3 conseils beauté de base ?
– Hydratation !
– Bien choisir la couleur du teint (il doit être de la même couleur que votre teint). Il peut être un riiiiien plus clair, mais jamais plus foncé.
– Avoir un joli blush, facile à mettre.
Si il ne fallait choisir qu’un produit Dior?
Le Rouge Dior. La bouche rouge, un des codes de la beauté basique. Mais le maître mot chez Dior c’est l’élégance, la non vulgarité.