Se lever tôt pour réussir sa vie personnelle et professionnelle, l’idée fait le buzz aux States. On a réglé nos réveils sur 5 h 30 et on s’y est mises pendant une semaine. Verdict.
À l’origine de notre idée, il y a un livre. On devrait dire une bible. Vendu à des dizaines de milliers d’exemplaires aux états-Unis, « The Miracle Morning » est traduit en français depuis quelques mois. Son auteur, Hal Elrod, y explique à quel point nous serions plus épanouis si nous décalions notre réveil de quelques heures. La méthode semble miraculeuse. Et comme nous, on aime les formules magiques, on se lance. L’homme donne des pistes à suivre, mais il n’a évidemment rien inventé de nouveau. Le dicton « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt » ne date pas d’hier et les big boss de ce monde n’ont pas attendu son bouquin pour se réveiller aux aurores. Parmi les « early risers » célèbres, on retrouve Anna Wintour, Tim Cook ou encore Robert Iger, le CEO de Disney. Paul Smith, lui, se lève tous les jours avant le soleil pour aller faire des longueurs dans la piscine de son quartier. Il faut avouer que ça fait rêver !
Où se retrouvent les early risers ?
à Bruxelles, tous les mercredis matin de 6 h 30 à 8 h ! Trois filles, réunies sous le nom des « Allumettes », nous donnent rendez-vous au
Bois de la Cambre pour un « Inspiring Morning ».
Au programme: cours de pilates, yoga, marche méditative… 10 € sont demandés par séance.
www.facebook.com/inspiringmornings
Le challenge semaine ultraproductive de Laurence Donis journaliste société
« Mais pourquoi tu t’infliges ça ? » Cette question, je l’ai entendue en boucle lorsque j’ai expliqué que j’allais me lever en même temps que le soleil pendant une semaine. Dimanche soir, peu avant minuit, je règle mon réveil à 5 h 30 pour le lendemain. L’enthousiasme des débuts me gagne, mais je me demande aussi si je ne suis pas un peu maso. Non, je ne fais pas partie du cercle privilégié des lève-tôt (qui ressemblent en plus à Gisèle Bündchen après six heures de sommeil). Je suis plutôt comme le commun des mortels : le bouton snooze m’attire tel un sac de créateur en soldes. Et pourtant, la perspective d’avoir deux heures rien que pour moi avant de commencer le travail est exaltante. Débuter la journée dans le calme, sans se presser et sans stresser, procure une vraie sensation de liberté et de plénitude. C’est ce que j’ai ressenti le premier matin. Et étonnamment, la fatigue n’a pas trop pointé le bout de son nez.
Hal Elrod conseille à ses lecteurs de pratiquer quelques minutes de méditation en sortant du lit. ça tombe bien, à 5 h 30, le silence règne chez moi. Et dans une coloc’ de sept, c’est plutôt rare. Je ne suis pas une habituée de la position du lotus, alors je télécharge deux applis : Headspace et Calm. Les guides parfaits pour débutants. Les adeptes du « Miracle Morning » prennent aussi dix minutes tous les matins pour écrire. On note ses pensées du moment, ses objectifs à accomplir, une citation inspirante, etc. Je décide de coucher sur papier une série de petites choses pour lesquelles je suis reconnaissante. Un vrai shoot de bonne humeur ! Il est six heures et je continue à me faire plaisir, je marche d’un pas décidé vers la boulangerie. Ah non, c’est fermé, en fait. Je reviens une heure plus tard, je suis la première cliente et les croissants sont encore chauds. Bonheur. Je termine ma pré-matinée par un bain, j’ai l’impression de voler un « supplément de vie » et d’avoir découvert un secret bien gardé.
Mais mon enthousiasme se calme dès le premier soir. Il n’y a pas de miracle, mes yeux se ferment à 21 h 30 et je sens que ma vie sociale va en prendre un coup. La fatigue s’accumule et le réveil est de plus en plus difficile au fil de la semaine. Pour rester motivée, je décide de planifier des activités. Je constate directement que Bruxelles n’est pas vraiment une ville « early risers friendly ». Comme les Londoniens, j’aurais bien fait la fête avant d’aller bosser, mais après un premier essai à Namur en 2015, le concept n’a pas pris chez nous. Des conférences pour lève-tôt, baptisées « Creative Mornings », sont aussi organisées au Beursschouwburg, mais elles finissent à 9 h. Un peu tard pour les working girls. Il reste le marché matinal, que j’ai toujours eu envie de tester, et les cours de sport. Le premier débute à 7 h 30.
Et à part ça ? J’ai enfin le temps de lire un roman, j’admire ma tarte au citron home made et je rattrape mon retard de séries au lit. J’ai l’impression de faire l’école buissonnière et c’est plutôt agréable. Petit conseil : aux aurores, évitez « Grey’s Anatomy » et ses scènes de chirurgie sans anesthésie…
La semaine se termine et le bilan est mitigé. Oui, mes journées ont été super productives, mais je ne sais pas si je serais capable de tenir ce rythme longtemps et je ne suis pas prête à sacrifier mes soirées. Et puis, il faut avouer que j’ai choisi la bonne saison : l’été. Se lever à 5 h 30 en hiver, c’est tout de suite moins fun. Plutôt que de programmer mon réveil deux heures plus tôt, je me contenterai d’une demi-heure supplémentaire. Trente délicieuses minutes qui n’appartiennent qu’à moi. À savourer quotidiennement pour rester sereine et attaquer la journée du bon pied. Comme le disait si bien Fabrice Emaer, propriétaire du club mythique Le Palace dans les années 80, « le futur appartient à ceux qui se lèvent tôt, le présent à ceux qui se lèvent tard ».
Le miracle sans cesse renouvelé de Béa Ercolini rédac’ chef
Je suis une ancienne insomniaque. Pire : carrément une ex-web addict qui, il n’y a pas si longtemps, passait ses nuits à surfer et à envoyer des mails, parfois surprenants à l’arrivée d’ailleurs, à ses collaboratrices. Mais aujourd’hui, miracle : je me réveille à 5 h 30. Sans réveil, sans radio
(RAS de consistant sur La Première avant 6 h le matin), sans café au lit. Je ne serais pas contre qu’on me l’apporte, notez. Mais inutile de se faire des illusions : à l’heure où je file à la cuisine, toute la maison dort encore, et pour longtemps.
Si ce réveil est miraculeux, c’est que, contrairement aux apparences, il est tardif. Rien à voir avec les deux heures, trois heures, quatre heures du mat’ d’autrefois. D’avant ma rencontre avec la mélatonine, un produit que le corps produit naturellement et qui, pris en comprimés, rend le sommeil à ceux qui en manquent. 5 h 30, c’est tôt encore, mais c’est décent. Bref, là, j’ai deux bonnes heures pour faire ce pour quoi je n’aurai pas de temps pendant la journée. Passer en revue, au lit et bien calée sur au moins trois oreillers, mes comptes sur les réseaux sociaux. Poster, liker, retweeter. Vider ensuite ma mailbox des messages de la veille ( ou de ceux envoyés la nuit par une autre dingue de mon ex-genre), répondre aux mails urgents, me réenvoyer ceux qui risquent de disparaître de l’écran.
5 h 30, c’est aussi le moment idéal pour chatter avec une copine qui vit à L.A., une collègue basée à New York. Pour passer en revue les dernières nouvelles du web américain, les gossips à relayer dès demain sur elle.be. J’attaque ensuite ma revue de presse belge, en commençant toujours par lalibre.be. Une vieille habitude : j’ai travaillé pour sa version papier il y a longtemps. Lire la presse, quel bonheur ! La journée, au boulot, je n’ai pas même le temps de lire un magazine. Un comble ! Sept heures du mat’ : la bonne heure pour profiter de la douche avant qu’une ado mobilise la salle de bain pour se laver les cheveux (longs) pour la troisième fois de la semaine (entendu parler du no poo, chérie ?). Je fais dix aller-retours sur les deux balles de tennis qui, en massant ma plante de pieds, m’assurent douze heures full énergie. Au bureau, je ne suis pas nécessairement la première. Mais j’arrive en ayant déjà fait le plein d’idées.
Le challenge petit matin d’Elisabeth Clauss journaliste mode
Certains font le choix de se lever tôt le matin. D’autres sont simplement mis devant le fait accompli dès potron-minet par une grande giclée d’adrénaline quotidienne. J’en suis.
05 h 30. J’ouvre les yeux, sur un réveil qui est réglé pour imiter le chant des oiseaux à 7 h 01 (le son est si insupportable pour une citadine que je soupçonne mon organisme de m’épargner cette épreuve en me réveillant spontanément avant cette machine mythomane).
05 h 31. Je décide, comme chaque matin, que cette fois-ci, je vais me rendormir, parce que rien de ce qui m’attend dans cette nouvelle journée n’est si urgent que ça.
05 h 32. Du coup, je repasse chaque point en revue. Les articles à rendre, les coups de fil à passer, la séance de crossfit programmée avec mon coach à 9 h précises. Je n’ai jamais été là à 9 h précises.
05 h 33. Mes 200 mails en retard. Les gens qui m’ont énervée récemment, et à qui j’ai envie de claquer le beignet, là, tout de suite, du fond de mon lit.
05 h 34. La machine que j’ai lancée hier soir et que je dois mettre au séchoir. Les factures à rédiger.
05 h 35. Les pancakes frais que j’avais prévu de cuire pour le petit déj’ ce matin.
05 h 36. Je suis complètement réveillée, mais je me raconte que je peux encore me rendormir.
05 h 37. J’ai faim.
05 h 38. à partir du moment où j’ai pensé aux pancakes, je savais que c’était foutu. Je me lève.
05 h 40. Je passe dans la salle de bains et je me pèse.
05 h 42. Je passe devant la buanderie et je décide de ne pas lancer le séchoir tout de suite, pour ne pas réveiller toute la maison.
05 h 43. Je lance le mixer avec la farine, les œufs et le beurre fondu pour les pancakes. Ca fait cent fois le boucan du séchoir, mais ici, c’est une situation de première nécessité.
05 h 44. Je lance mon ordi. Silence dans le salon : « Télé Matin » n’a même pas encore commencé. Je bosse plus tôt que William Leymergie.
05 h 50. Je mange une pile de pancakes (avec pépites de chocolat et sirop d’érable) en ouvrant mes mails.
06 h 15. J’ai répondu à mes messages, et englouti de quoi assommer dix Canadiens en hypoglycémie. Pour me déculpabiliser, je retourne me peser.
06 h 16. Je ne me sens pas plus légère, alors pour rééquilibrer mon ratio « coquetterie », je me fais un masque.
06 h 20. J’ai l’impression qu’il est 10 h, alors je lance le séchoir. De toute façon, mes voisins sont ceux du point « 5 h 33 ».
07 h 02. Personne ne m’a interrompue, je n’ai même pas encore checké Facebook, alors j’ai pu écrire l’article que je devais absolument envoyer aujourd’hui. Virtuellement, ma journée de boulot est finie.
07 h 03. Je me connecte donc sur Facebook et j’allume « Télé Matin ». Aujourd’hui, je serai à l’heure au cross fit.
07 h 33. Je perds une demi-heure à faire de délicieuses inutilités. Mais il me reste encore toute une matinée complète, alors je démarre un gros dossier que je ne pensais attaquer que demain.
08 h 30. C’est l’heure de ma plus tardive grasse mat’ depuis 1987. Au lieu de ça, j’ai déjà quasi harcelé quatre attachés de presse pour demander infos, visuels, dates de sortie de produits, tout ça.
08 h 40. J’ai bien fait de m’y mettre à l’avance, mon article est plus fouillé que ce que je pensais faire au départ. Je n’ai pas vu l’heure passer. J’ai envie de me recoucher, du coup.
08 h 41. Je ne me recouche pas. La ville se réveille. Les automobilistes klaxonnent sous mes fenêtres, les chiens urinent sur les réverbères, les cyclistes filent avec des gamins encasqués et des cartables dans le porte-bagages. Tout ceci est rassurant, le monde vibre et je suis encore en pyjama. Ma deuxième journée commence. J’ouvre un nouveau document, j’écris encore.
09 h 02. J’ai déjà reçu une vingtaine de mails frais du jour. Je les trie, je réponds, j’efface sans lire. Je bosse.
09 h 15. Je saute dans ma tenue de sport, un coup de mascara, l’ordi encore ouvert, les « cling cling » des messages qui commencent à pleuvoir, et je claque la porte derrière moi.
09 h 35. J’arrive en retard au crossfit, je bafouille une excuse qui n’en est pas une puisque c’est la vérité : je travaillais.
10 h 30. Je rentre chez moi. Je réalise tout ce que j’ai déjà fait, je mesure ce qui reste à accomplir, mais j’ai gagné une demi-journée de boulot. Alors je prends, enfin, mon bain. Et je coupe mon réveil, qui piaille depuis 7 h 01. L’avenir appartient à ceux qui rêvent tôt.