L’art de la simplicité
Frappant, ce commentaire de Curnonski, l’un des chantres de la chronique gastronomique du début du siècle passé, qui écrit de la cuisine de la mère Brazier (une figure mythique de la restauration lyonnaise ayant obtenu 3 macarons) que celle-ci « atteint tout naturellement ce degré suprême de l’Art : la simplicité. » Dans une interview de Jo Gryn réalisée en mars 2003, l’ancien rédacteur en chef du GaultMillau me disait : « la démarche des femmes en cuisine est plus instinctive et spontanée ».
Tandis que Paul Van Craenenbroeck, l’ex-inspecteur général du Michelin Benelux expliquait que « ce qui peut distinguer la cuisine des femmes de celle des hommes, c’est que ceux-ci ont souvent une approche plus intellectuelle, plus sciemment construite et plus technique. Ceux-ci font davantage de recherches, imaginant de nouveaux plats en les passant éventuellement au tamis d’un nouveau concept. À l’inverse, les dames fonctionnent à l’intuition et au travers de leur environnement immédiat. »
Et l’ex-monsieur Michelin de renchérir en évoquant les mères Fillioux, Brazier, Blanc ou Bourgeois, papesses de la cuisine bourgeoise, dont « la force était d’utiliser les produits du terroir qu’elles connaissaient sur le bout des doigts et de laisser parler leurs tripes ».