L’argument financier ne tient plus la route quand on touche aux cosmétiques. Pourtant, les castings pour devenir égérie beauté sont rarement ouverts aux tops curvy, alors qu’il n’y a ici aucun problème de taille de vêtement. Pourquoi une fille devrait-elle forcément ressembler à une teenager filiforme pour faire la promotion d’un rouge à lèvres ? « Les femmes achètent des produits de beauté quelle que soit leur taille, leur poids ou leur origine. Il est temps de refléter cette réalité », assène Clémentine. Supprimer les collections « plus size » et élargir l’offre existante, c’est idéal en théorie, mais pas si facile à mettre en pratique. « Cela représente beaucoup de boulot. Il ne suffit pas de prendre un pantalon 34 et de le reproduire à l’identique, mais en plus grand, pour obtenir une taille 46. Il faut repenser le vêtement pour qu’il s’adapte à la morphologie de la personne qui le porte. Il y a tout un travail de recherche et de développement et il est assez rare de trouver des designers formés pour le réaliser. Les marques ont peur des avis négatifs et elles ne vont pas prendre le risque de commercialiser des pièces mal coupées. »
Une photo publiée par Clémentine Desseaux (@bonjourclem) le
Ce qui les effraie aussi, c’est d’être accusées de banaliser l’obésité. Les hashtags #plussize et #healthy sont utilisés à toutes les sauces aujourd’hui, par des filles qui font du 40 mais aussi du 52, comme Tess Holliday. Sur les réseaux sociaux, on retrouve une flopée de commentaires haineux expliquant que ces tops donnent le mauvais exemple et mettent en danger la santé des jeunes filles. « C’est un débat stérile, estime Odile Farber. Avoir des formes ne signifie pas être obèse et la plupart de nos mannequins grande taille sont sportives. Une femme ronde qui s’entraîne et qui mange correctement peut être en meilleure santé qu’une fille qui porte du 36 mais qui boit et fume. » « Promouvoir l’anorexie, ce n’est pas non plus la solution », ajoute Aglaë. Alors oui, il faudra du temps pour que les tops curvy soient davantage acceptés, et que tous les types de corps soient valorisés.
Mais Clémentine prédit un changement important dans les cinq prochaines années. « Si l’on revient un peu en arrière, on se rend compte que l’évolution est plutôt rapide. Lorsque j’ai débuté ma carrière, il y a environ huit ans, il fallait se battre pour tout. Une nana ronde et jolie, ça n’existait tout simplement pas dans le milieu. Je n’étais pas considérée comme un mannequin et je n’aurais jamais pensé en faire un métier, raconte le top. Aujourd’hui, on parle de plus en plus de diversité et on célèbre les corps différents. J’ai confiance en cette nouvelle génération de filles qui vont grandir dans un monde où l’utilisation de Photoshop est régulièrement dénoncée. On entre dans une ère où les femmes savent que la beauté est multiple. Elles auront davantage confiance en elles et ça, ça n’a pas de prix. »