Dans le plus grand secret, Alix s’est découvert une passion inattendue... qui a sauvé son couple par la même occasion !
Je me fiche qu’on change mon nom ou pas, qu’on donne mon âge véritable ou le prénom de mon mari. Parce qu’autour de moi, personne, vraiment personne, ne pourra faire le rapprochement. Je suis irréprochable, insoupçonnable. Je vis en Belgique depuis quelques années. J’ai suivi mon mari expat’ et ma vie ressemble à celle de toutes les femmes dans ma situation. Sauf que… pendant trois mois, j’ai été amoureuse d’un acteur de films pour adultes. Un vrai coup de foudre. Je ne suis pas consommatrice de porno et, après treize ans de mariage, j’ai une vie sexuelle plutôt classique et insatisfaisante. Mon mari et moi, on entretient juste la flamme.
Un jour, par curiosité, après avoir lu un article dans un magazine, je suis allée voir un site très très chaud. Un homme d’une trentaine d’années au look de hipster, tatoué, lunettes fifties posées sur le nez, était en train de s’adonner à des pratiques sans complexes avec une fille en jupette, baskets et crop top. La scène m’a fait penser à une version trash des films d’ados que je regardais quand j’étais plus jeune. Comme si « Hélène et les garçons » était parti en sucette.
Je ne savais pas si c’était excitant, parce que je n’avais jamais vu une chose pareille, une telle liberté dans une forme de plaisir extrême, impudique. Un rapport de force qui m’aurait insupportée dans un autre contexte mais qui me fascinait par écran interposé. La jeune femme semblait s’amuser de la situation. Et puis, il y avait lui, l’homme en question… Je me suis sentie comme quand, à 15 ans, je voyais un baiser de cinéma donné par un acteur fascinant. Je suis tombée instantanément et irrésistiblement dingue de ce type que je voyais là, nu, affairé, grimaçant sous l’effort.
J’ai tenté de reprendre mes esprits mais il n’en est plus sorti. J’ai essayé de me rappeler d’un sentiment similaire que j’aurais pu ressentir, plus jeune, pour Brad Pitt, George Clooney ou Ben Affleck. Mais non. Je n’avais jamais vécu ça. J’ai fait quelques recherches sur le web, trouvé le pseudo et l’Instagram du monsieur.
J’ai tout de suite su que je ne le rencontrerais jamais. D’abord parce que c’est aussi absurde que de s’imaginer avec n’importe quelle célébrité américaine, ensuite parce que je suis hors catégorie. Je suis une mère de famille qui vit dans un joli quartier du sud de Bruxelles, pas une actrice porno de 25 ans capable de tout quitter et de traverser l’Atlantique pour un « date » (c’est ainsi qu’il nomme ses rendez-vous filmés) avec l’objet de son fantasme. Pourquoi je dis ça ? Parce que sur son site, il est possible de le contacter pour lui proposer une rencontre (entendre « physique »), de passer un casting et de finir en ligne, subissant les pires outrages. Une seule femme de mon âge est apparue jusqu’ici sur la toile et, avec elle, ça n’avait rien d’excitant. Quand j’ai vu ça, j’ai même ressenti un frisson de dégoût. Je me suis sentie sale, ridicule. Je n’allais quand même pas continuer à me comporter comme une gamine, à vivre hors de la réalité. D’autant que si je regardais les vidéos, ce n’était pas pour y prendre le moindre plaisir sexuel. Je n’essayais même pas, pour être honnête. Je me contentais de le regarder, lui, de frissonner en écoutant ses gémissements.
J’ai pensé que mon mari pourrait un jour me surprendre et j’ai commencé à me comporter comme une femme adultère. Je nettoyais l’historique de mon ordinateur chaque jour, je m’enfermais dans la salle de bains pour regarder s’il y avait de nouveaux posts. J’ai utilisé une carte prépayée pour m’abonner au site et pouvoir télécharger tout ce qui le concernait. J’ai même créé un compte Snapchat et un compte Instagram uniquement pour lui laisser des commentaires (noyés, hélas, dans un flot de déclarations d’autres fans).
Il n’était même pas vraiment beau. Même pas vraiment soigné. Plutôt bad boy, si on veut, et encore... Plutôt un gars ressemblant à des milliers d’autres. Ancien skateur, bermudas et chaussettes hautes, Vans, t-shirts défraichis, cigarettes roulées... Question anatomie, rien de très spectaculaire, si ce n’est son endurance et sa manière de faire claquer les fesses sous ses paumes.
J’en ai parlé à une amie qui m’a regardée comme si j’étais complètement folle. Elle a voulu voir. Je lui ai montré. J’ai cru qu’elle allait s’étouffer. Elle a ri tellement fort que je me suis sentie insultée. Elle m’a traitée de MILF, a cru à une blague. Son regard sur moi a changé. Lorsque nous nous sommes revues, elle s’est sentie autorisée à me parler de choses intimes, en employant des mots crus. C’était affreux. Je ne voulais pas être associée à ça.
Je n’étais pas devenue une addict sexuelle obsédée par le porno – je ne consultais d’ailleurs aucun autre site –, je conservais mes convictions, mon identité. J’étais juste... amoureuse. En tous cas, je le croyais.
Mon attitude a commencé à changer vis-à-vis de mon mari. Durant nos moments intimes, je me suis laissé traverser par les images qui occupaient mes pensées secrètes. Je rêvais qu’il me fasse ce que j’avais vu. Difficile pourtant d’exprimer ces choses clairement sans susciter le doute ou l’interrogation. Mais face à la frustration, j’ai dû me rendre à l’évidence : il fallait que je parle à François, mon mari. Que j’essaye de lui expliquer ce qui m’arrivait.
Nous avions déjà abordé le sujet du désir, acheté quelques accessoires coquins dans un love shop un peu chic, mais tout cela avait été fait sans beaucoup de conviction. Je ne savais pas du tout comment expliquer à mon mari ce que j’attendais de lui. Alors j’ai louvoyé. J’ai d’abord acheté à François quelques vêtements qui se rapprochaient du style de celui qui me faisait rêver. Je lui ai proposé de changer un peu de look, d’affirmer davantage son côté mauvais garçon. Je lui ai ensuite demandé de prendre des initiatives, de ne pas attendre que nous soyions couchés pour me témoigner son envie. J’ai tout fait pour le « décoincer ». Mais ça ne fonctionnait pas vraiment. Le message n’était pas assez clair.
Alors je lui ai envoyé un mail, un matin, avec un lien. J’ai choisi ma vidéo préférée, quelque chose d’encore assez soft. J’ai titré : « François, je voudrais que tu me fasses ça. » Je n’ai reçu aucune réponse pendant la journée. Aucune nouvelle. J’ai pensé : « Voilà, il me hait, il me croit folle et il va me quitter. »
J’étais sous la douche quand il est rentré, le soir. Les enfants dormaient chez des copains. Il est entré dans la salle de bains et m’a regardée comme s’il allait me dévorer. J’ai passé la nuit de ma vie. On s’est vraiment lâchés, on a osé des choses qu’on n’aurait jamais faites avant. Et c’était parfait. J’ai retrouvé en lui l’homme sexy que j’avais épousé et depuis, nous explorons notre sexualité comme jamais.
Je continue à regarder de temps en temps le site qui me plaisait tant. ça reste mon secret, quelque chose qui m’émoustille vraiment. Et dont François est le seul à profiter. C’est dingue, mais cet acteur porno a sauvé mon couple et réveillé nos envies. Finalement, la seule chose que j’aurais envie de lui dire, si je le rencontrais, c’est « Merci » !
Propos recueillis par Juliette Debruxelles