Après un « date », Candice et Marie jouent les coachs, un peu comme des copines expertes en relations amoureuses. Leurs clients leur racontent parfois la soirée (sans oublier les détails coquins), reçoivent des conseils pour la suite et se font même relooker. Walter Benjamin, directeur de l’agence Laura Hamilton, travaille pratiquement de la même manière, à quelques exceptions près. Pour trouver la perle rare, il ne se contente pas de piocher dans sa liste de membres : « J’ai construit un très gros réseau. Je me rends souvent à des dîners, à des soirées privées et  lors de ces événements, si je rencontre quelqu’un qui pourrait correspondre à l’un de mes clients, je le “chasse”. Toutes les personnes inscrites chez moi ne sont pas forcément compatibles et cette façon de procéder augmente le taux de réussite. J’utilise aussi le système des ambassadeurs. Il m’arrive de payer des gens qui connaissent beaucoup de monde pour m’aider à trouver la bonne personne. »

Face au succès des sites de rencontre, comment les agences tiennent-elles le coup ? « Honnêtement, c’était dur au début, mais ça a été un mal pour un bien », raconte Walter. « 90 % de nos adhérents ont essayé de trouver l’amour sur internet mais ils ont été déçus et sont arrivés chez nous », ajoute Candice. Certaines agences matrimoniales visent par ailleurs un marché de niche : le haut de gamme. Pour elles, les applis de dating ne sont même pas des concurrentes. C’est le cas de Berkeley International, qui recrute « l’élite, les célibataires financièrement indépendants et couronnés de succès ». « Nos membres n’utilisent pas Tinder pour faire des rencontres, affirme Geneviève Heintz, comanager du bureau belge. Ils ont un certain statut et une vie professionnelle intense, ils n’ont pas envie d’être visibles sur le web et n’ont pas de temps à y consacrer. Ici, nous nous occupons de tout, nous offrons un service beaucoup plus personnalisé. »

« Je ne crois pas aux algorithmes, je fais plutôt confiance aux approches personnelles. Un tri est effectué avec discrétion par des matchmakers expérimentés en fonction des informations dont ils disposent (métier, vécu, centres d’intérêt, etc.). Difficile de faire mieux soi-même. Le nombre de rencontres est limité mais pour moi, c’est plutôt un avantage », raconte Charles, un promoteur immobilier membre de Berkeley. Alors que vous pouvez enchaîner les « dates » sur internet, vous ne rencontrerez généralement pas plus d’une personne par semaine via une agence. Mais ce qui séduit aussi, c’est le sentiment de sécurité apporté par les chasseurs de cœurs. Que celles qui n’ont jamais rencontré un pervers sur Tinder jettent la première pierre.