D’un point du vue marketing, c’est plutôt bien pensé. Ça se lit facilement et il y a un phénomène d’identification qui se met en place. Et puis la description d’un amour parfait, ça rassure. Les romans érotiques, c’est Cendrillon pour les filles de 18 ans qui ont acheté leur premier canard vibrant. Elles n’ont pas beaucoup d’expérience et se posent plein de questions sur l’amour et le sexe. Pourquoi ça fonctionne ? On peut aussi se demander pourquoi les gens regardent des télé-réalités et mangent au fast-food alors qu’ils sont conscients que ce n’est pas top. Les lectrices savent très bien qu’elles ne sont pas en train de lire du Tolstoï mais je ne sais pas si elles se rendent compte des stéréotypes qu’on leur impose, de l’image des femmes et de la sexualité que cela renvoie.
Dans les romans érotiques, les filles jouissent en trois minutes chrono et les hommes bandent systématiquement. C’est de la littérature photoshopée : il n’y a pas de poils, pas de sueur, pas de sperme. C’est Barbie et Ken qui font l’amour. Les personnages sont pratiquement toujours les mêmes, leurs caractéristiques sont même répertoriées dans un tableau Excel. On modifie simplement quelques détails, Barbie secrétaire devient Barbie hôtesse de l’air, par exemple. C’est la même Barbie, seul le costume a changé. L’héroïne peut être stagiaire en école de commerce ou étudiante en lettres, mais il faut qu’elle rougisse facilement. Elle est canon mais se trouve simplement “jolie”. L’homme qu’elle rencontre est toujours riche et puissant. Il a fait fortune en créant une start-up ou une galerie d’art et comme Ken, il est livré avec toute sa panoplie : sa voiture de luxe, son chauffeur, ses costumes hors de prix… Les deux personnages ont des “blessures secrètes”, mais il ne faut pas que ce soit trop grave non plus.