Le scénario doit être léché et il n’y a pas de place pour l’improvisation. On pourrait s’attendre à ce que la littérature érotique soit beaucoup plus libre, plus punk et qu’elle bouscule les idées préconçues, mais non. Je trouve ça gênant, c’est important d’avoir des modèles féminins différents. On reproche beaucoup aux sites porno d’influencer négativement les jeunes, mais les romans érotiques ont aussi un impact sur les mentalités. Le phénomène culturel est sous-estimé, on est face à une génération biberonnée à ce genre de bouquins. Certaines jeunes filles, en pleine construction de leur féminité, en lisent trois, quatre par mois. Elles vont grandir en pensant que le désir est forcément lié au luxe, qu’elles doivent passer des heures à s’épiler et qu’elles ont un problème si elles ne ressentent pas de plaisir après trois minutes de pénétration.

Une femme, ça a des poils, de la cellulite, ça transpire, ça saigne. Un corps lisse avec une fente de tirelire, ça s’appelle un nouveau-né. Les romans érotiques nient le côté bestial de la sexualité féminine. Les filles ne peuvent pas crier trop fort lorsqu’elles jouissent et leur sextoy doit toujours être“mignon”. Au début du phénomène “Fifty Shades of Grey”, j’étais ravie. Je me suis dit que la littérature pornographique allait se développer et qu’il y allait en avoir pour tous les goûts. Mais non. On retrouve toujours les mêmes scénarios, les mêmes personnages et la même vision de la femme. Certains livres présentent tout de même des héroïnes fortes, qui occupent un poste de pouvoir. C’est encore assez rare mais heureusement, ils existent.”