L’industrie de la beauté est en pleine mutation green.
Le progrès est en marche. Le phénomène de la consommation durable et responsable touche tous les secteurs, y compris celui de la beauté. Et c’est tant mieux ! Le consommateur se pose de plus en plus de questions. Il veut savoir ce qu’il achète, ce que contiennent les produits, comment ils sont fabriqués et quelles sont les conséquences de ses achats.
Les réseaux sociaux ne sont pas étrangers à cette prise de conscience. Des vidéos, des photos et des articles, parfois choc, circulent à la vitesse de l’éclair sur la toile. Si certains manquent de précision (les règlementations diffèrent selon les pays et les années), ils permettent néanmoins de mettre en lumière l’impact que peut avoir notre consommation de produits cosmétiques sur l’environnement. Les défenseurs de la cause animale seront rassurés de savoir que les tests de produits cosmétiques sur les animaux sont interdits en Europe depuis 2013 et qu’en 2016, cette condition a également été appliquée aux produits importés. Ce qui n’est malheureusement toujours pas le cas dans d’autres pays du monde. Mais une chose est sûre : aujourd’hui, les consommateurs occidentaux sont de mieux en mieux informés et de plus en plus exigeants, ce qui oblige les marques, petites ou grandes, à proposer des produits en accord avec les idéologies de leurs consommateurs.
vers une beauté plus éco
Les produits naturels, bios, eco-friendly, slow… ont inconstestablement le vent en poupe. Le marché s’est ouvert et densifié. Régulièrement, des nouvelles marques éclosent et proposent des produits confectionnés dans de petits laboratoires, à base d’ingrédients naturels, souvent bios, provenant de producteurs locaux. Mais cela bouge aussi du côté des multinationales. Certaines renoncent à l’utilisation de dérivés de la pétrochimie, augmentent la naturalité de leurs formules, revoient les parfums et textures, et repensent leurs emballages pour en faciliter le recyclage. De petits détails pour les consommateurs mais qui ont de grands impacts pour l’environnement comme l’explique Édouard Mauvais-Jarvis, directeur de l’environnement et de la communication scientifique de Dior : « Pour le développement de la nouvelle gamme HydraLife, un gros travail a été fait sur les packagings. Tout d’abord au niveau des fournisseurs, les cartons proviennent de forêts gérées durablement, l’encre utilisée pour l’impression est végétale, la taille des capots des produits a été divisée par trois et ils sont désormais monomatériau pour en augmenter la recyclabilité. Les notices papier ont été remplacées par des QR codes et le cellophane a disparu. Tous ces changements, nous ont permis de réduire la taille de nos packgings de 30 % sans en diminuer la contenance. Nous pouvons ainsi mettre le double de produits dans les cartons, et donc réduire le nombre de camions de transport, et au final améliorer ce que l’on appelle la performance environnementale. »
LEs CHALLENGEs de demain
Ils sont multiples. Il faut tout d’abord continuer à innover, à imaginer quelles seront les nouveautés de demain, à investir dans des solutions techniques pour les réaliser, à trouver le personnel compétent pour les concevoir, etc. « Il ne faut pas croire que tendre vers des formules plus naturelles et concevoir des emballages plus respectueux de l’environnement nous permet de réaliser de grandes économies », explique Christine Delfaut, directrice international de la communication chez Yves Rocher. « Prenons l’exemple de l’écotube : il a nécessité plusieurs années de recherche, l’investissement dans de nouveaux moules, dans de nouvelles machines, le recrutement de personnel, etc. Au final, le coût de production de nos tubes de 200 ml n’a pas baissé. Par contre, ils nous ont permis d’économiser 62 tonnes de plastique en deux ans. Il s’agit d’un véritable engagement de notre part afin de respecter l’A.D.N. de la marque et les promesses faites à nos consommateurs ».
À l’avenir, le principal défi pour les marques dans cette transition vers une beauté plus respectueuse de la nature se situe au niveau de la communication. Elles doivent arriver à rendre le développement durable désirable aux yeux du public. « Aujourd’hui, il existe un décalage entre l’importance accordée par les citoyens aux questions de développement durable et ce qui prévaut dans leur esprit au moment de l’achat. Réconcilier les convictions du citoyen avec les décisions du consommateur reste l’un de nos principaux challenges », confie Alexandra Palt, directrice responsabilité sociétale et environnementale, chez L’Oréal. Et si pour faire bouger les choses, la balle était dans notre camp ?