Cela fait déjà deux ans que le projet existe et l’évolution est impressionnante. Les boutiques de vêtements teints à l’indigo fleurissent à Suchitoto et aucun touriste ne repart les mains vides. Une collab’ avec le créateur belge Jean Paul Knott a même été lancée l’année dernière. Le designer a sorti une collection capsule « bobo chic » dans une enseigne à Tokyo. Des ventes privées sont aussi organisées à Bruxelles et tous les bénéfices sont reversés au Salvador. Dans ce petit pays, les femmes ont beaucoup de pouvoir et se battent pour leurs droits. La majorité des habitations du village sont d’ailleurs ornées d’une pancarte sur laquelle on peut lire : « Dans cette maison, nous voulons une vie libre de violence envers les femmes ». Et le gouvernement est également là pour les soutenir. Des aides financières sont régulièrement accordées aux entrepreneuses.

« Les gens du village ont envie de conserver leur maîtrise de l’indigo et prennent confiance en eux parce qu’ils remarquent que leurs créations plaisent. J’ai rencontré une femme qui a pu engager des employés et payer l’université de sa fille grâce à la vente des vêtements », raconte Marie- Martine Israël. « Les jeunes aussi ont envie de s’impliquer. Après avoir fait des études de marketing, certains voulaient partir bosser aux States, aujourd’hui, ils préfèrent rester au Salvador et développer le commerce de leur mère. Chaque pays a ses forces et c’est très important de continuer à transmettre le savoir-faire. » Face à une fast fashion industry qui privilégie souvent la production en usine à moindre coût et aux grands groupes qui ne demandent pas plus de dix euros pour une paire de sneakers, ce n’est pas gagné d’avance…