Comme il y a des artistes au piano ou au pinceau, il existe quelques rares artistes de mode, qui se servent du vêtement comme d’une matière première pour exploser les horizons. Lors de la Haute Couture, Iris Van Herpen a mêlé la matière et le son.

L’an passé, elle avait déjà présenté une collection – ou plutôt une performance – fondée sur la notion de son matérialisé. Ancienne danseuse et compagne d’un musicien, la Néerlandaise expérimente plus qu’elle ne dessine, et produit des vêtements qui sont des oeuvres d’une poésie insensée.

Sa dernière création, baptisée “Aeriform”, explorait “la nature et l’anatomie de l’air”. L’air justement, pour le voir, il fallait écouter les bulles. Celles générées par le groupe danois de musiciens subaquatiques Between Music, qui formaient un orchestre en aquarium (chacun le sien), chantant et jouant de divers instruments.

L’environnement sonore ainsi créé était si intensément saisissant pour les sens, que les robes – puisque au fond (de l’eau) il s’agissait tout de même de cela – semblaient composées d’impalpable. Pour accoucher d’une incontournable beauté : on était cernés d’émotion.

Pour Iris Van Herpen, “les voix liquides et l’obscurité subsonique de Between Music m’ont submergée. Cela m’a incitée à plonger dans les contrastes entre l’eau et l’air, entre l’extérieur et l’intérieur, and la lumière et la noirceur”.

Between Music a déjà collaboré avec des plongeurs en eau profonde, des physiciens et des neuroscientifiques, pour développer un son sculptural hypnotique et biophonique.

Iris Van Herpen a quant à elle composé une suite de robes en matériaux hybrides, fragiles comme des gouttes enfilées sur un fil, et puissante comme une vague immense.

 

Runway images : Yannis Vlamos