On adore ses joncs gravés de phrases inspirantes et positives. Rencontre avec Sophie Johnen, la pétillante créatrice qui se cache derrière la marque de bijoux Mya Bay.
Depuis bientôt 5 ans, la marque de bijoux liégeoise cartonne bien au-delà de nos frontières. À la tête de cette success-story, Sophie Johnen, 37 ans. Rencontre avec une créatrice à l’image de ses bijoux: solaire et Chiqueboum !
Q: Mya Bay, ça vient d’où ? Ça veut dire quoi ?
R: J’avais envie d’un nom solaire parce que j’adore voyager. Lorsque j’ai commencé à dessiner notre jonc 3 fermetures, je trouvais que la fermeture ressemblait à une baie, une avancée de mer dans la terre. Et de là est venu le mot “Bay”. Ensuite, j’ai fait quelques recherches et je suis tombée sur la plage Maya Bay en Thaïlande où a été tourné le film The Beach. Évidemment, c’était un nom qu’on ne pouvait pas utiliser. Cette année-là, j’ai perdu ma maman qui s’appelait Myriam et “Mya” c’est un petit clin d’œil pour elle. En fait Mya Bay, c’est un mélange de plein d’histoires.
Q: Cette marque c’est un rêve de petite fille ?
R: Mon premier rêve était d’être entrepreneuse. Depuis mes 12 ans, je voulais avoir ma société. Quelle que soit la société: j’aurais pu être boulangère, j’aurais pu être coiffeuse, j’aurais pu être plein de choses. J’ai commencé par faire mes études en business aux HEC. Ensuite, je suis partie en Inde puis en Angleterre. Là-bas, j’ai travaillé dans la chaine de restauration rapide Prêt-à-Manger. À l’époque, ça n’existait pas encore en Belgique, je voulais donc me lancer là-dedans. Bref, j’avais plein d’idées. Jusqu’au jour où je me suis décidée à ouvrir un magasin de bijoux à Maastricht. Je suis arrivée avec des marques qui n’étaient pas du tout connues en Hollande et ça a super bien fonctionné. Très vite, j’ai eu envie de créer ma marque, de créer mes propres bijoux.
Q: Quel est le bijou idéal selon vous ?
R: Grâce à cette expérience de 8 ans à Maastricht, j’avais noté sur papier quel était le bijou idéal selon moi. C’est comme ça que j’ai créé le jonc signature Mya Bay. Je voulais proposer un bijou à un prix raisonnable offrant une belle qualité, c’est donc vers une usine en France que je me suis tournée. Il était important pour moi d’offrir un bijou avec 3 fermetures pour s’adapter à tous les poignets. Je souhaitais créer une ligne de bracelets à citations qui rappellent aux femmes qui elles sont ou qui elles veulent devenir.Il était aussi important que l’on puisse mixer les bijoux entre eux et que nos clientes puissent en accumuler et créent une histoire avec Mya Bay.
Q: D’où vous vient cet amour pour les bijoux ?
R: J’ai toujours été attirée par les bijoux, cela remonte à ma plus tendre enfance lorsque ma grand-mère offrait à ses filles et ses belles-sœurs des sakalava. Ce sont des bracelets malgaches. Cela m’épatait et je rêvais d’avoir l’âge d’en recevoir moi aussi. C’est d’ailleurs de là qu’est née l’idée du jonc Mya Bay. Il y a également une autre histoire qui m’a marquée. C’était en humanité, je m’en rappellerais toujours. Je parlais tout le temps et ma prof d’histoire m’a dit “Bon Sophie qu’est-ce que je dois faire pour que tu te taises?“. Elle avait une énorme bague en diamant, et je lui ai dit “Vous me prêtez votre bague pendant un cours et je vous jure que je me tais!“. Je me suis assise au premier rang, elle m’a prêté sa bague et je me suis tue tout le reste de l’année !
Q: Comment se retrouve-t-on à 37 ans la tête d’une marque qui cartonne ?
R: Comment ?! C’est la grande surprise, vraiment. J’en suis super contente mais je ne suis pas seule ! Mon associé Bruno est avec moi depuis le début de l’aventure et nous avons récemment accueilli une nouvelle associée, Laetitia. On est 11 employés aujourd’hui à travailler en Belgique et nous avons des agents à l’étranger.
Q: L’équipe va-t-elle encore s’agrandir ?
R: Nous avons beaucoup d’ambition pour Mya Bay. Nous avons envie d’être commercialisés dans d’autres pays. En ce moment, nous sommes en train de nous lancer sur le marché anglais. Nous avons déjà 33 points de vente mais nous avons maintenant quelqu’un pour nous développer là-bas. Nous sommes également en train de nous lancer au Danemark, en Allemagne et aux Pays-Bas. Nous avons envie d’en faire profiter tout le monde donc l’équipe s’agrandira certainement.
Q: A quel moment avez-vous pris conscience du succès de Mya Bay ?
R: Je pense que c’est lorsque l’on a fait un salon à Paris il y a deux ans. Nous étions en plein cœur du métier, là où il y avait tous les acheteurs. Nous étions le stand où il y avait le plus de monde et on ne s’en sortait pas. On était 5 personnes et on n’arrêtait pas de prendre des commandes. À ce moment-là je me suis dit “waw on a créé un truc!“. À partir de là, les gens ont commencé à s’intéresser à nous, les Galeries Lafayette sont venues nous trouver, d’importants clients internationaux, la presse…
Q: Selon vous, qu’est-ce qui a fait le succès de votre marque ?
R: Nous sommes arrivés sur le marché avec un produit contemporain à la fois tendance et élégant avec des citations toujours smart et positives. C’est un produit qui s’adapte à toutes les générations et à tous les poignets. Ce qui est génial c’est qu’une fille de 16 ans peut le porter sans avoir honte que sa mère en porte aussi !
Q: À quel genre de femmes pensez-vous lorsque vous créez ?
R: Je pense toujours à une fille solaire, qui a son style bien à elle. Une fille qui s’assume et qui sait ce qu’elle veut devenir. J’aime les filles qui s’assument, quoi qu’elles pensent, peu importe la façon dont elles s’habillent ou leurs choix. J’ai envie que mes bijoux soient portés par ce genre de filles. Je suis une grande féministe. On a d’ailleurs un nouveau bracelet pour l’hiver qui sortira fin août où il est inscrit “I’m definetely a feminist“.
Q: Trois mots pour décrire vos créations ?
R: Élégantes, féminines et tendances.
Q: Pouvez-vous nous expliquer votre processus de création ?
R: Je dessine des croquis et ensuite je me rends avec mes idées de modèles à l’usine et le bijou est réalisé en atelier. Je peux alors voir ce qui ne va pas, si le processus de production est trop long, je modifie certains détails… Je me rends à l’usine toutes les 3 semaines, cela me permet de créer en permanence pour être prête pour les 4 à 5 collections que l’on propose par an.
Q: Où sont fabriqués vos bijoux ? Pourquoi ?
R: Actuellement, l’usine qui fabrique nos bijoux se situe en France, en Haute-Savoie. Je veux être sure de la qualité, je veux pouvoir contrôler la production tout le temps et être proche de mon fournisseur. C’est un luxe pour une société de pouvoir fabriquer tout près de chez soi. Cependant, nous sommes ouverts à produire dans d’autres pays afin de disposer d’autres techniques.
Q: À quoi ressemble une journée de travail ?
R: Ce n’est jamais la même chose. Par exemple hier, nous avons fait un point sur les Galeries Lafayette qui passent bientôt une grosse commande. Ensuite, je me suis occupée de rechercher des mannequins pour le shooting. Je me suis entretenue avec la graphiste pour le prochain catalogue. Je dois toujours m’aménager du temps pour la création car je suis toujours prise par les différentes actions menées par l’équipe. Je crée lorsque j’en ai envie, mais jamais au bureau, je préfère le faire chez moi dans mon cocon.
Q: Wanderlust, Aloha, Born on the beach… Vos bijoux nous donnent des envies d’évasion. Et vous, vous êtes une grande voyageuse ?
J’adore voyager ! Si je pouvais, je voyagerais tout le temps et je travaillerais même de l’étranger. Étant donné que Mya Bay est un nom solaire qui nous fait penser aux pays chauds, je trouvais ces phrases très adaptées. Et puis c’est n’est pas parce qu’on est Belge qu’on n’a pas envie d’avoir des petites touches solaires dans notre dressing et à nos poignets !
Q: Qu’est-ce qui vous inspire ?
R: Mille choses m’inspirent ! Les images, les textures, les textes… Lorsque j’entends une belle phrase je la note toujours dans mon carnet. Mes copines aussi m’inspirent lorsqu’elles me disent “j’aimerais bien ça” ou “mais Sophie pourquoi tu ne fais pas des créoles ?!” Cela me guide dans mon processus créatif. Je me pose aussi la question de savoir quelle phrase j’aurai envie de voir le matin sur mon poignet, quels mots me mettraient du baume au cœur. Par exemple la phrase “un peu, beaucoup, à la folie“, tout le monde la connait et c’est tout bête, mais je trouve que parfois les gens manquent de folie, pourtant ne dit-on pas que les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais ! C’est important de se le rappeler.
Q: Vos bijoux sont gravés de citations. Et vous, vous avez une devise préférée ?
R: J’en ai énormément ! Il y a “One life“: on a qu’une vie, il faut en profiter. Et “Chiqueboum” aussi ! Tout le monde en rit au bureau parce que je le dis tout le temps. Quand on fait quelque chose, je dis “je veux que ça soit chiqueboum!“. Il n’y a pas de définition, je veux que ça fasse “waw”, que ça en jette !
Q: Vous êtes distribuée dans plus de 700 boutiques à travers une vingtaine de pays. Quels sont vos projets pour la suite ?
R: Cet été, on sort une collection capsule. Ce sont de fins bracelets chargés de symboles comme la lune ou l’œil. On a également sorti des boucles d’oreilles assorties. J’avais envie de légèreté pour l’été avec de fines pierres colorées.
Q: Dernière question… Où vous voyez-vous dans 10 ans ?
R: Vous allez rire, mais c’est vrai, moi j’aurais voulu faire 1000 choses dans la vie ! J’aurais voulu être boulangère, j’aurais voulu être coiffeuse, j’aurais voulu être décoratrice…Je sais que je ne m’arrêterais pas à Mya Bay. J’ai envie de faire encore plein de choses. Je rêve de créer des assiettes par exemple ou du papier peint. Je ne sais pas où je serais dans 10 ans mais j’espère être au chaud de temps en temps (rires) et continuer à créer. Peut-être qu’on élargira les horizons avec Mya Bay, on ne s’arrêtera peut-être pas aux bijoux. En tout cas, je vais continuer à créer !
Malvine Sevrin