C'est vrai que la pilule fait descendre en flèche ma libido? Qu'en la prenant pendant longtemps, j'aurai plus de mal à avoir des enfants?... Entre idées reçues et réels effets secondaires, on fait le point sur ce contraceptif avec un pro.
Chez de plus en plus de femmes, la pilule a du mal à passer. Avant de définitivement plaquer sa plaquette et d'opter pour un autre contraceptif, petit tour d'horizon de toutes nos questions.
1. La pilule peut jouer sur ma libido - Vrai
LÉA, 26 ANS : « J’avais déjà entendu que la pilule rendait les femmes aussi férues de sexe que Mère Teresa mais je n’y croyais pas. J’utilise ce moyen contraceptif depuis mes 16 ans, l’âge auquel j’ai rencontré Guillaume, mon mec. On est ensemble depuis dix ans et au lit tout se passait bien, même si nos rapports étaient devenus un peu plan- plan avec les années. Un jour, ma plaquette est arrivée à sa fin et j’ai décidé de ne pas en racheter.
Avec Guillaume, on voulait un enfant et on s’est dit qu’on verrait bien le temps que ça prendrait. No pressure. Ce qu’on n’avait pas prévu en revanche, c’est le retour en flèche de ma libido ! J’ai l’impression d’avoir réveillé mon corps. Le désir vient plus naturellement, je suis beaucoup plus entreprenante et je me surprends à me la jouer Dita von Teese (en moins cliché) dans la chambre à coucher... J’avais oublié que le sexe était si bon ! »
L’AVIS DU PRO : « Il y a plein d’éléments qui jouent sur la libido mais chez certaines personnes, le fait de prendre la pilule peut impacter le désir de façon négative », explique Luc Segal, gynécologue et spécialiste de la fertilité. « La nature est bien faite, la libido des femmes augmente au moment de l’ovulation, la période la plus fertile du cycle. Mais la pilule va justement bloquer cette ovulation pour vous éviter de tomber enceinte et les pics de désir peuvent alors être moins élevés.
Une libido en berne peut également être liée à une pilule progestative. En simplifié, contrairement à la pilule « classique », dite œstroprogestative, elle ne contient que de la progestérone, une hormone “ calmante ”, et pas d’œstrogène, une hormone liée au plaisir. Il faut toujours en parler à son gynéco pour trouver la pilule la plus adaptée. »
2. La pilule va me rendre stérile - Faux
ANNE, 32 ANS : « Je prends la pilule depuis que j’ai 15 ans et pourtant, je n’ai eu ma première expérience sexuelle qu’à 20 ans. À l’époque, j’avais de l’acné et je souffrais de règles douloureuses. Mon médecin m’a prescrit ce contraceptif et je n’y ai pas vraiment réfléchi, j’étais simplement heureuse de trouver une solution à mes problèmes de peau. J’ai continué à prendre la pilule par habitude et aujourd’hui, cela fait déjà dix-sept ans que j’utilise ce moyen de contraception ! Le problème, c’est que j’ai envie d’être maman et j’ai peur que la prise prolongée de la pilule m’empêche de tomber enceinte ou en tout cas, retarde fortement l’arrivée d’un bébé... »
L’AVIS DU PRO : « La pilule ne rend pas stérile, c’est une idée reçue. Certaines femmes optent pour la pilule pendant des années et tombent rapidement enceintes après avoir oublié de la prendre. Après trente- six heures, les hormones contenues dans ce moyen de contraception ne font plus effet, elles sont à peine détectables dans le sang. Ce qui est vrai, par contre, c’est que la fécondité des femmes diminue après 30-35 ans mais la pilule n’y est pour rien. D’autres facteurs entrent également en ligne de compte comme le poids ou le stress. Certaines recherches ont montré que la pilule diminuerait la réserve ovarienne (le nombre d’ovocytes présents dans les ovaires) mais ces études ont un faible nombre de participantes. »
3. La pilule peut être dangereuse pour la santé - Vrai et faux
ANAÏS, 40 ANS : « Il y a quelques années, j’ai eu une prise de conscience et j’ai opéré quelques changements dans ma vie. Sans me transformer en bobo vegan obsédée par son magasin bio, j’évite les fast- foods et la nourriture industrielle, je fais plus attention à la planète, je teste des remèdes naturels quand je suis malade... Et je remets de plus en plus en cause mon moyen de contraception. Un soir, j’ai compté combien de petites pilules j’avais ingurgitées dans ma vie et j’ai eu un choc : plus de 6 000 ! Ça me dérange d’avaler constamment des hormones de synthèse alors que je prône le retour au naturel. J’ai peur de l’impact de la pilule sur ma santé et les risques de cancer me stressent. »
L’AVIS DU PRO : « C’est vrai que la pilule augmente légèrement les risques d’accidents cardiovasculaires mais ils restent très faibles. Pour la phlébite par exemple (la formation d’un caillot sanguin dans une veine), on parle d’une vingtaine de cas pour 100 000 femmes. Et les personnes concernées sont souvent des filles qui fument, qui sont obèses, diabétiques ou qui ont des antécédents familiaux. Il faut aussi savoir que les risques sont un peu moins élevés avec les pilules de 1ère et 2e générations », explique Luc Segal.
« Comme les cancers sont très souvent d’origine hormonale, il y a un petit sur-risque pour certains d’entre eux lorsqu’on prend la pilule (et donc des hormones). Les cancers du sein, du col de l’utérus et du foie sont concernés. En revanche, l’OMS indique que ce contraceptif a un effet protecteur contre le cancer de l’endomètre et des ovaires, parce qu’il les met au repos. »
4. La pilule peut affecter mon humeur - Vrai
ANNE, 29 ANS : « Il y a quelques mois, j’ai quitté mon job et j’ai arrêté la pilule plus ou moins en même temps. Depuis, j’ai l’impression de revivre. Mon travail me stressait énormément et mon boss était tyrannique. Résultat : je manquais souvent d’énergie, j’étais irritée, un peu déprimée... Mais à part mon travail, tout allait bien. Depuis que j’ai démissionné et que j’ai opté pour un stérilet en cuivre (sans hormones, donc), mes sautes d’humeur ont disparu ! J’ai lu beaucoup de témoignages de filles qui avaient l’impression que la pilule était responsable de leurs idées noires. Je me demande si ma baisse de moral était due, comme je le croyais, à mon boulot ou si la pilule n’a pas également joué un rôle important là-dedans... »
L’AVIS DU PRO : « Les études n’ont pas démontré un lien de cause à effet entre la prise de la pilule et la baisse de moral mais il peut y avoir une corrélation. Certaines femmes se sentent plus nerveuses, plus déprimées. C’est important d’en parler à son médecin et de réfléchir aux autres facteurs qui peuvent influencer votre humeur. Il est aussi possible que la pilule ne soit pas l’élément déclencheur des troubles psychologiques mais vienne aggraver une condition existante. Elle peut empirer la situation si une femme a déjà des tendances dépressives par exemple. Certaines patientes affirment en revanche que la pilule a eu un effet positif sur elles, qu’elle a permis de stabiliser leur humeur. »
5. Entre pilule et cigarette, il faut choisir - Vrai et faux
EVA, 22 ANS : « Depuis toujours, je suis une grande fêtarde. Et je l’avoue, en soirée, j’abuse un peu de l’alcool et des cigarettes. Je prends la pilule depuis quelques années et je n’ai jamais vraiment réfléchi au fait que je fumais. Ma consommation est très raisonnable en semaine mais je ne peux pas en dire autant les week-ends. Lorsque j’ai rencontré la soeur de mon nouvel amoureux, une infirmière, elle m’a regardée comme si j’étais folle lorsque je lui ai dit que je combinais pilule et cigarettes. Ça m’a fait réfléchir... »
L’AVIS DU PRO : « Lorsque les patientes me demandent mon avis, je dis qu’il est préférable de choisir. C’est une très bonne raison d’arrêter de fumer ! Le problème, c’est que la pilule et la cigarette augmentent toutes les deux les risques d’accidents cardiovasculaires. Mieux vaut donc éviter de les combiner, même si une fille de 20 ans sera évidemment moins touchée qu’une femme de 40 ans. Pour celles qui ne peuvent vraiment pas se passer de fumer, il faut opter pour une pilule adaptée, très faiblement dosée en oestrogènes."
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