Les débuts de votre livre?
Il y a quelques années, j’ai rencontré un médecin- sexologue, que l’on nommera Romy Steiner, pour un article sur la prostitution étudiante en période de crise économique. Au cours de l’interview, elle m’explique que les jeunes n’accordent, selon elle, pas assez d’importance à la découverte de leur sexualité. Elle ne les trouve pas très audacieux, ni très curieux d’eux-mêmes, seuls les soixante-huitards trouvent grâce à ses yeux.
Ses propos me sont restés en tête et m’ont fait réfléchir, comme un bon bouquin qui marque les esprits. J’en ai beaucoup parlé autour de moi, j’ai testé l’hypothèse auprès de mes potes et j’ai eu envie d’en savoir plus. Romy Steiner utilise aussi l’hypnose lors de ses séances et ça m’intriguait. C’est une méthode qui n’est pas forcément évidente à expliquer, il faut voir la sexologue en action pour comprendre. C’est comme ça que j’ai eu l’idée de la suivre pendant un an et d’écrire un livre sur mon expérience et la sexologie.
Certains patients ont-ils refusé de témoigner?
Pratiquement aucun, ça m’a vraiment étonnée. Je pense que la plupart d’entre eux n’étaient pas à ça près: ils avaient déjà fait l’effort de téléphoner, de se déplacer dans un cabinet de sexologie, d’accepter de se confier… C’était le médecin qui demandait aux personnes venues consulter si je pouvais les rejoindre et ça a dû aider, c’est une figure d’autorité. Quand Romy Steiner ne le sentait pas, elle ne leur posait même pas la question. En début de séance, je disais bonjour au patient, j’allais m’asseoir derrière lui et j’essayais de me faire la plus petite possible pour qu’il oublie ma présence. Mais parfois, je le recroisais dans la salle d’attente la semaine suivante et ça, c’était plutôt gênant. J’ai suivi une trentaine de patients et j’ai retenu huit histoires pour mon livre.