sexologues cabinet médical

Un fait surprenant?

Ce n’est peut-être pas correct statistiquement mais parmi les personnes que j’ai vues, il y avait beaucoup de jeunes. Ça m’a étonnée, on s’attend généralement à rencontrer des gens plus âgés dans le cabinet de sexologie. J’ai suivi une ingénieure qui se prenait pour un cas désespéré alors qu’elle n’avait que 24 ans (et semblait en avoir 18). Elle vivait avec son mec depuis trois ans et n’éprouvait plus de désir. J’ai ressenti beaucoup d’angoisse chez ces jeunes qui se mettent en couple très tôt. J’ai aussi vu des gens plus vieux, comme un PDG de près de 70 ans avec des problèmes d’érection. Je trouve sa démarche intéressante. Même à son âge, il ne se dit pas que sa vie sexuelle est derrière lui, il vient consulter et chercher une solution.

Des enseignements?

Notre vie sexuelle peut se réinventer, que l’on ait 20 ou 60 ans, que notre couple débute ou dure depuis toujours. Il faut apprendre à accepter les fluctuations et arrêter de vouloir tout maîtriser. Il n’y a pas de normes en matière de sexe, on peut faire l’amour très souvent ou pratiquement pas. Rien n’est grave en soi, sauf si on en souffre. Il faut aussi savoir que les fantasmes sont indispensables. Ils ne sont évidemment pas forcément destinés à être réalisés mais ils participent à notre équilibre et font de nous des femmes en bonne santé sexuelle.

Il faut arrêter de culpabiliser si on a envie d’un autre mec que le sien ! Le désir et les sentiments empruntent des circuits différents dans le cerveau. Ce n’est pas parce qu’on désire quelqu’un qu’on l’aime et inversement, ce n’est pas parce qu’on n’a plus de désir que l’amour a disparu. On a tous nos propres chemins d’excitation : des films, des livres, des situations, des odeurs, des couleurs qui nous font de l’effet. Mieux vaut les connaître, les accepter et ne pas compter sur les autres pour les trouver à notre place.

Un mot sur la sexualité du XXIème siècle?

Je pense qu’elle n’est pas vraiment différente des siècles précédents. On pourrait s’attendre à des histoires de plans à trois, liées à Tinder ou au porno mais je n’ai rien vu de tout ça. Les personnes que j’ai suivies ont des histoires plutôt classiques : elles sont en couple, tiennent à leur partenaire et veulent que leur relation fonctionne. J’ai rencontré beaucoup de gens bienveillants, qui ont tendance à prendre toute la responsabilité de leurs problèmes. J’ai aussi remarqué qu’on est rarement totalement bloqué dans une situation et qu’il y a toujours de l’espoir. Personne n’est obligé de s’intéresser au sexe mais si on est curieux, il faut y consacrer du temps et réaliser ses propres expérimentations.

Crédit photos: Série Masters of Sex

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