Profitant d'un week-end de détente pour choper un refroidissement au lieu d'aller au Bloody Louis comme tout le monde, nous avons mis nos miasmes à contribution pour tester un panier de remèdes aux huiles essentielles, et pour interroger des spécialistes des méthodes douces. On parle bien d'un début de crève, pas d'une angine à streptocoques.
Le déroulé suivant va vous sembler le show automne/hiver d'un sanatorium. Mais quand on s'est enfilé 18 litres d'eau chaude + thym + miel à suer du camphre, qu'on a toujours la gorge comme du papier de verre et le nez bouché, qu'on prie pour pouvoir respirer par les oreilles, et parce qu'on tente en toussotant de repousser le moment fatidique des antibios, on ne peut pas s'offrir le luxe de snober un bon vieil inhalateur.
Test in vivo
Le produit : un sirop contre le mal de gorge (Puressentiel)
Rien qu'au parfum, on va déjà mieux. MAIS. Le sirop est si épais, qu'on ne peut s'empêcher de jeter un oeil sur la boîte pour chercher les calories (c'est affreux comme réflexe, on sait, mais on nous a demandé d'être honnête, pas morale). 97 calories pour 3 cuillères à soupe, la dose journalière recommandée. Pas loin du score du Nutella (162 calories pour la même quantité, on vient de vérifier en déplaçant le test de la salle de bain à la cuisine). On trempe le bout de la langue dans le remède, il picote légèrement la gorge, on sent que c'est le genre qui soigne. Mais à ce tarif calorique, on préfère le Nutella. Ne criez pas au scandale, on ne pourrait pas vous répondre (trop mal aux amygdales).
Le produit : un baume pour déboucher le nez (Puressentiel)
C'est la version moderne et fancy du Vicks de notre enfance. Mais ce baume miracle ne colle pas, il n'est pas gras, il pénètre immédiatement, et il n'ira pas tacher votre nuisette. Son parfum est addictif au point qu'on passe le reste le soirée la tête baissée vers le plexus, pour renifler l'onguent. J'avais un ami au lycée qui racontait volontiers en fin de soirée un fantasme qui mettait en scène du Vicks et une poitrine généreuse de femme. C'est authentique. Ici, la crème est fluide et s'étale facilement, je ne crois pas que ça lui plairait pour l'usage sous entendu. Mais pour dégager les voies respiratoires, c'est parfait. Dès les 5 premières minutes d'application.
Le produit : un spray respiratoire à diffuser dans la pièce (Puressentiel)
La promesse : facilitation de la respiration, et renforcement du système immunitaire. Le spray s'utilise par vaporisation atmosphérique ou sur un mouchoir. On fait les deux. Dans la pièce, ça sent comme dans un sauna, c'est délicieux. Dans un beau carré de tissu (on ne va pas spritzer un Kleenex, sinon ça fiche la mise en scène en l'air), on a l'allure de la Dame aux Camélias. Sortir un petit mouchoir de sa poche, le respirer discrètement d'un air souffreteux, témoigner un soulagement respiratoire, reprendre courageusement le cours de la conversation. Le produit fonctionne bien, le geste aussi. On aurait tort de se priver d'oxygène et de théâtralité.
Le produit : des gouttes à mettre un bol d'eau chaude (Puressentiel)
Ou dans un de ces ravissants becs en plastique qu'on achète en pharmacie.
Niveau sexytude de l'affaire : 1/10 (on met "1" parce qu'il y a toujours des bizarres qui aiment jouer au docteur).
Niveau efficacité : 10/10. Y compris pour l'acné. On vous explique.
Le liquide mélangé à de l'eau chaude (et pas brûlante, inutile de se transformer en dim sum), inhalé à quelques centimètres du bol avec une serviette sur la tête, ça vous dégage les sinus qu'on a l'impression que nos racines de cheveux ont une haleine d'eucalyptus. Le parfum est divin, ça sent la bonne santé, vous voyez ? En outre, comme on ne peut ni lire, ni regarder la télé, on est obligée de ne rien faire pendant 5 minutes. C'est peut-être bien ce qui nous sauve, à y bien réfléchir. Maintenant, l'effet vertueux collatéral : avec toutes les huiles essentielles contenues dans le machin, et la chaleur dégagée par la vapeur, on a le museau en condition pour un nettoyage de peau. Après quoi on n'a plus ni le nez, ni les pores bouchés. Mais on n'est pas obligée de le faire au milieu du salon et en famille, non-plus.
Le produit : l'inhalateur
Notre favori. Pour le petit geste discret quand on le sort de sa poche, pour l'odeur qui dégage le nez en une seule inspiration (et dans le métier, de l'inspiration, on en a toujours besoin). Pour le côté régressif, et parce que les huiles essentielles contenues là-dedans déboucheraient des canalisations industrielles après 8 jours de grève de la maintenance.
Le produit : le spray nasal
Avec de l'eau de mer pour nettoyer et désinfecter. Le moins agréable à utiliser, mais tomber malade charrie rarement des rivières de plaisir. On sent dès la première inhalation que l'affaire s'infiltre dans les sinus, jusque derrière la tête.
Nous avons également interrogé Julien Kaibeck, enseignant en aromathérapie au Collège d'Aromathérapie.
Il a accepté de nous livrer ses premières recettes en cas de mal de gorge (au lieu de faire comme dans la vieille blague, alors que nous lui téléphonions en croassant sous la toux : "que faire quand votre nez commence à couler ? Vous moucher, Madame"). Il nous a appris ceci :
"Ma première recette en cas de début de refroidissement : une goutte d'huile essentielle de thym à thujanol, ou de marjolaine à thujanol, à prendre avec une petite cuillère à café de miel. "Dès les premiers symptômes de gorge qui gêne et de mouvements raidis du cou, on peut appliquer cette méthode 3 fois par jour." C'est un remède très efficace bien connu en aromathérapie. Le thujanol est une molécule antiseptique, efficace sur la plupart des germes, et bien toléré sur la peau, ce qui n'est pas forcément le cas de toutes les huiles essentielles. On peut utiliser ce remède à partir de six ans."
Pour plus de confort, on peut aussi se tourner vers la gamme Aromaforce de Pranarôm. Le spray pour la gorge et le sirop, certifiés bio, sont aussi adaptés aux femmes enceintes. Un mélange d'extraits d'herbes aromatiques études essentielles, mélangé dans un sirop de figue. Non seulement c'est très bon et très parfumé, mais c'est aussi efficace. Le soulagement est très rapide.
"Pour prévenir les maux de l'hiver en général, on peut aussi utiliser un diffuseur d'huiles essentielles pour assainir l'air. La reine des HE adaptées au refroidissement, c'est la ravintsara. Elle sent peu l'eucalyptus. On peut l'appliquer pure, une goutte sur les poignets, avant de rentrer dans un hôpital ou n'importe quel autre lieu public."
De son côté, Martine Fallon, prêtresse de la cuisine bonne santé et énergie, nous donne ses recettes à elle pour parer au premier coup de froid :
– l'échinacéa en teinture mère : 25 gouttes par jour
– l'huile essentielle d'origan : 3 × 5 gouttes par jour, sur un morceau de pain ou dans une cuillère de quinoa, ou encore dans un fond d'eau
– Se mettre au repos, au chaud, chez soi, quand c'est possible
– Se préparer des tisanes au gingembre, au thym, au citron, et au miel
– Du point de vue alimentaire, je conseille de ne boire que du chaud. Se mettre au potage pendant 24 heures, au riz complet, aux légumes vapeur. Pourquoi ? Pour laisser l'organisme bénéficier de toute son énergie pour renforcer l'immunité, et ne pas en perdre dans la digestion d'aliments plus difficiles à assimiler.
– Prendre de la vitamine C acérola, 100 % naturel. On la trouve dans les magasins bio : il faut veiller à ne pas voir l'acide ascorbique figurer dans la composition. L'idéal, c'est la marque Docteur Grandel.
– Si on se trouve en contact avec des gens contaminés, en prévision, on peut prendre : argentyn colloïdal (laboratoire Energetica Natura), 2 capuchons 5 fois par jour, à faire tourner pendant 10 secondes dans la bouche avant de l'avaler. A prendre 20 minutes avant les repas.
Avec tous ces soins auto-prodigués, nul doute qu'on ira mieux dans les jours qui suivent. Se soigner, c'est de toute façon bon pour le moral. On s'installe dans le canapé, et on bénit sainte pharyngite.