À Maradi, la deuxième plus grande ville du Niger, des milliers d’enfants malnutris reprennent goût à la vie. On s’y est rendu pour découvrir un projet prometteur, initié par Handicap International et financé par la Belgique. Reportage.
« Happy mama », ça vous évoque quoi ? Un hashtag sur Instagram, la photo parfaite d’une fille skinny et de son bébé en total look preppy ? Après une semaine au Niger, l’expression « happy mama » nous rappelle plutôt ces mères ultra-fières qui assistent aux premiers pas de leur enfant, alors qu’elles pensaient qu’il ne marcherait jamais. Badiya Issa est l’une d’entre elles. Cette jeune Nigérienne participe aujourd’hui à une séance de kiné avec son petit garçon de 2 ans, Sabilou. « Je suis arrivée dans un centre de santé de Madarounfa (une ville dans la région de Maradi, NDLR) parce que mon fils était très affaibli. J’étais angoissée, il avait de la fièvre, il était déshydraté et il avait beaucoup maigri. Avant, il restait tout le temps en position couchée, il ne pouvait même pas s’asseoir alors qu’il a déjà 24 mois », raconte Badiya.
« Grâce aux exercices de kiné, il arrive maintenant à se mettre debout. C’est magique. Il pourra bientôt marcher tout seul et jouer avec d’autres enfants, je suis soulagée de voir que sa santé s’améliore. » Des histoires comme celles-là, il y en a des milliers au Niger. Le pays est l’un des plus pauvres du monde et en 2015, le taux de malnutrition des enfants a même atteint le « seuil d’urgence » de 15 % fixé par l’OMS. Si Sabilou n’avait pas été pris en charge, il serait peut-être resté en chaise roulante toute sa vie… Alors que le problème peut être réglé en quelques séances de kiné. S’il a pu en bénéficier, c’est grâce au projet Esspoir* de Handicap International, mis en place au Niger mais aussi au Burkina Faso et au Mali depuis 2015. Financé par la coopération belge au développement, le programme donne le smile. Ici, les résultats positifs sont concrets et visibles rapidement. Et le projet est véritablement innovant.
Le but d’Esspoir, c’est de prévenir et de réduire les complications liées à la malnutrition chez les moins de 5 ans.
Comment ? En misant sur la kinésithérapie, la stimulation et la sensibilisation. S’il est évidemment essentiel que les enfants reprennent du poids, il faut aussi se demander « What’s next ? ». Un bébé malnutri, c’est un bébé qui présente des carences en vitamines et en nutriments essentiels. À cause de ce manque, son développement physique et mental est freiné, et les séquelles peuvent s’installer. « On constate une faiblesse générale de l’organisme chez ces enfants. Ils sont en retard, il faut tout leur réapprendre. Pendant les séances, on réalise des exercices de flexion, d’extension des différentes articulations du corps pour renforcer le tonus musculaire. Certaines femmes ignorent par exemple qu’il est important de mettre leur bébé en position debout », explique Serifatou Henri Martin, l’une des kinés du projet. «Je leur montre des petits jeux à refaire à la maison et elles remarquent rapidement une amélioration. C’est extraordinaire de voir les progrès des enfants ! Les mères sont toujours attentives, certaines viennent de très loin pour assister aux séances ».
(*) « Les Enfants malnutris du Sahel sont stimulés, protégés, orientés et intégrés dans leur communauté devenue plus résiliente ».