Mais avant que ces femmes ne puissent mettre ces techniques en pratique, il faut d’abord que l’état de leur enfant se stabilise. La plupart d’entre elles passent environ une semaine dans un Creni, un Centre de récupération et d’éducation nutritionnelle intensif. Ici, aucun homme en vue à part le médecin. Ce sont les mères qui veillent jour et nuit leur bébé. Réunies dans une grande pièce et parfois jusqu’à quatre par lit, elles supportent les cris, les pleurs, les moustiques, la chaleur écrasante et les coupures d’électricité fréquentes. De quoi relativiser notre contrariété liée au partage de notre chambre d’hôpital occidental et de ses murs blancs immaculés…
Les Nigérianes se mêlent au Nigériennes
Avant de venir au Creni de Madarounfa, ces « mamans superwomen » ont souvent été alertées par les mêmes symptômes.
« Leur enfant a de la fièvre et maigrit suite à des vomissements et des diarrhées répétées. Cela peut s’expliquer par une maladie mais aussi par un manque d’hygiène, des grossesses trop rapprochées ou le fait que la mère ne donne pas exclusivement du lait maternel pendant les six premiers mois par exemple », indique Mahaman Hassi, la responsable du Creni. Naima Moussa, elle, n’a jamais pu allaiter à cause d’un nodule au sein. Le visage grave, elle tient dans ses bras le corps frêle de sa petite fille de 4 mois, Baira. Le bébé est atteint de malnutrition sévère, il ne pesait que 2 kg à la naissance. « J’ai deux autres enfants à la maison. Ce sont mes voisins qui s’en occupent parce que mon mari est parti rendre visite à sa mère malade », explique la maman. « Je suis très inquiète pour ma fille, je passe parfois la nuit à pleurer mais heureusement, son état s’améliore. Avant de venir, je ne pouvais rien lui donner à manger et au moins ici, les soins sont gratuits. »
Mahaman Hassi nous explique que, comme beaucoup de femmes présentes au centre, Naima vient du Nigéria. « C’est difficile parce qu’on les accueille au Niger mais on ne peut pas les suivre à long terme. Chez elles, tout est payant. Des mères donnent de l’argent à de faux agents de santé, qui leur vendent des produits périmés, et certains enfants reçoivent même du sang qui ne correspond pas à leur groupe sanguin. » Ces problèmes, Safia et Gamila les connaissent bien. Les femmes sont venues à deux du Nigéria, chacune avec leur fille. Après quatre jours passés au Creni, les fillettes vont mieux et le soulagement se lit sur le visage des mamans. Les copines rient ensemble et nous racontent qu’elles sont pressées de retrouver leur mari… Ce n’est pas la première fois qu’elles viennent ici et elles encouragent régulièrement les femmes de leur village à se rendre au centre.