Jeudi à Milan, Fendi présentait sa collection de fourrures pour l’été 2018. Un style contemporain et renouvelé. Au coeur de ce succès : l’innovation, secret de longévité.
Au QG milanais de Fendi, la marque romaine d’origine a fait pousser sur le podium des bouquets de fourrures et de cuirs réinterprétés. Les mannequins, punkettes à mèches bleues mais bien peignées, portaient haut l’art et la matière : ajourée, découpée, aérienne, allégée. Des peaux de couleurs, des cuirs imprimés. Un peu de jean, quelques mousselines : la fourrure est dédramatisée, elle se mixe en stylisme ludique. Le maître mot, adapter sa peau aux élans du quotidien.
On le sait peu, mais c’est Karl Lagerfeld chez Fendi qui a changé la nature de la fourrure, dès 1965 : il a propulsé la fourrure de pièce statutaire bourgeoise à vêtement de mode précieux. Il a poussé la recherche de nouveaux matériaux, bousculé les coupes de l’époque. Le cuir a alors été coupé, imbriqué et
incrusté. La fourrure s’est faite légère, souple, confortable. Devant le succès de ses innovations, Karl Lagerfeld a imaginé un nouveau logo FENDI, un double FF pour “Fun Fur”.
En 1972, il a inventé la cape en vison marron foncé et noir, créé des motifs, injecte de la géométrie et ose des asymétries. En 1977, Fendi et Karl Lagerfeld ont lancé la première collection de prêt-à-porter de la marque. Réalisée avec l’expérience Haute Couture des ateliers, cette ligne a démarré en trombe.
1979 : Karl Lagerfeld a imaginé une fourrure gonflable, projet ironique «anti-froid et antichoc». L’année suivante apparaissaient les fourrures de couleur.
L’avènement des années 90 a requis une posture plus low-profile, et les fourrures se sont faites moins extravagantes.
Au début des années 2000, la fourrure a repris du poil de la bête, si on peut dire, et Fendi a utilisé des matériaux plastiques, pour des manteaux rembourrés comme des combinaisons d’astronautes, pressés et gonflés.
En 2007, Fendi a marqué l’histoire de la mode en présentant un défilé sur la Grande Muraille de Chine. Le monument est le symbole le plus vénéré par les Chinois, et selon l’hoax, visible depuis la lune (il paraît que ce n’est pas vrai, mais après tout, on n’y était pas. Peut-être pouvait-on y admirer le show, on ne saura jamais.) Toujours est-il qu’au soleil couchant, 88 mannequins, 44
originaires de Chine et 44 du reste du monde, arpentaient un podium de 80 mètres.
Alchimiste aussi, en 2008, Karl Lagerfeld a utilisé la fusion moléculaire pour parer la fourrure de molécules d’or 24 carats.
Depuis juillet 2015, Fendi participe à la Fashion Week Haute Couture de Paris avec le défilé Haute Fourrure, et marque en jubilant le jubilé de la plus longue collaboration jamais entretenue entre un styliste et une maison du luxe. Avec un grand bouquet de fleurs.
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