L’artiste belge Denis Meyers a pris possession d’un nouvel espace : l’iconique Rider Jacket de Lee. Une porte d’entrée mode dans son univers.
Graffeur, graveur, typographe, le peintre bruxellois protéiforme excelle dans l’art d’apparaître où on ne l’attend pas. « Mes deux domaines artistiques de prédilection sont la typographie et les personnages. Cela fait vingt ans que j’écris et dessine au quotidien. » En 2016, l’artiste investit l’ancien siège de Solvay à Ixelles et y réalise une œuvre éphémère gargantuesque pendant plusieurs mois. Jusqu’à la destruction totale des lieux. Son terrain de jeu s’étend sur 50 000m2. Des phrases, des visages qui découlent des centaines de cahiers qu’il a noircis au fil des années. Cathartique, urbaine, poétique, cette œuvre, qui attira des centaines de gens, le dévoile aux yeux du public. « À la base, ce projet devait rester confidentiel, j’ai fini par le rendre public et ça a été un gros succès. On a organisé des visites guidées pour 20 000 visiteurs. » Quelle ambiance, quelle démesure.
Le style Meyers est désormais incontournable de la scène artistique bruxelloise. « Je ne me définis pas comme un street artist ou un graffeur. Ce que je fais est teinté de graffiti mais ne prend pas place dans la rue, ce n’est pas de l’art urbain. J’ai trop de respect pour les street artists et pour leur prise de risque, pour me qualifier comme tel. » Peut-on parler de graffeur d’intérieur ? L’expression le fait sourire.
Sérigraphie, pochoirs, stickers, lettrage, son art s’exprime sur les murs, les objets et même le jeans. Denis Meyers revisite l’iconique Rider Jacket de Lee, créée en 1948, en y apposant des mots symboliques comme « craftmanship », « icon » ou « heritage » gravés au laser, marqués dans la fibre. « Les collaborations sont une manière de diffuser l’art en général et le mien en particulier. C’est un challenge intéressant car je m’adapte à l’univers de la marque sans jamais perdre de vue mon travail. » Car si l’artiste a choisi d’y inscrire des mots inspirés par la marque, il y grave également ses propres mots : love, life, passion. Vous êtes un romantique, en fait ? « Il ne faut pas le dire ! » répond-il, espiègle. Alors, on se contentera de le porter... sur le dos.