C’est une première en Europe, qui n’a d’équivalent dans aucun autre pays au Monde. Sous l’égide de Didier Vervaeren, designer et consultant en mode, La Cambre vient de diplômer ses premiers élèves en Master accessoires.
Ils ne peuvent être plus d’une douzaine, pour garantir l’excellence de leur formation. Les étudiants en accessoires ont souvent déjà mené un cursus artistique, ils viennent d’écoles de beaux-arts, du design d’objets, ils sont parfois déjà architectes. Certains sont issus de l’univers du textile et de la mode, aussi. Ils ont en moyenne entre 22 et 25 ans, et ils ont inauguré cette formation pluridisciplinaire, qui touche l’accessoire de mode, le bijou et l’objet. Un enseignement à élaborer depuis ses fondations, sans méthode préexistante. Depuis 1986 et la création de l’atelier « stylisme », La Cambre n’avait plus développé de nouvelle discipline. Début 2011, alors que Didier Vervaeren concluait sa mission de cinq ans comme directeur artistique de Delvaux, Caroline Mierop, directrice de l’école, lui a proposé de créer un cours d’accessoires parce que la demande était réelle de la part des étudiants d’une part, et des professionnels de l’autre. Le temps d’élaborer le projet et de le faire valider par le ministère de l’enseignement, ce Master diplômant en deux ans a accueillis ses premiers élèves en 2015.
Il s’articule en trois parties :
1 – L’accessoire de mode (maroquinerie, chapeau…) , accompagné de projets personnels.
2 – Le bijou : « qui n’est pas un accessoire, c’est une discipline à part entière ».
3 – La recherche et l’expérimentation de la matière et de l’objet.
Didier Vervaeren décode la méthode : « Nous avons installé un partenariat en Maroquinerie avec l’Institut Jeanne Toussaint du campus des Arts et Métiers de Bruxelles, une école historique en Belgique fondée dans les années 30 pour répondre à tous les besoins dans les Arts décoratifs. C’est l’objectif de ce Master : revenir aux sources de l’artisanat. » Un enseignement global qui fait des émules : d’autres établissement, venus du Japon, d’Italie et de Suisse sont déjà venus observer cette initiative innovante et « hybride ».
Grâce à l’attention de professeurs expérimentés en mode et design, et à l’intervention de conférenciers chevronnés à l’instar d’Elvis Pompilio, la recherche peut pousser jusqu’aux accessoires pour chien, frôlant l’anthropomorphisme. C’est une pédagogie réfléchie pour repousser les limites : si la notion de « Master » répond en général aux demandes du milieu du travail, celui instauré par La Cambre est plus axé sur le développement de la créativité et l’innovation.
Didier Vervaeren s’en réjouit : « la mode et le design sont demandeurs de gens qui sortent des sentiers battus, plutôt que de profils formatés. Nous formons des créatifs capables de concevoir de la maroquinerie, des chapeaux, des sacs et des bijoux, mais pas des « produits au kilomètre », oubliés à peine achetés. Autrement dit, des designers de niche. Il y a encore de nombreux domaines à explorer, qui n’existent pas encore ou ne sont pas assez visibles. Nous ambitionnons aussi de préparer au monde du travail des touche-à-tout, capables de faire du bijou, de l’objet, de l’art ou des étalages, avec un point de vue. L’un de ces étudiants pourrait par exemple devenir un styliste photo incroyable parce qu’il aurait compris le rapport de l’accessoire au corps et l’importance des proportions. » Et dans une industrie de la mode qui survit de plus en plus grâce aux accessoires, ce Master prend tout son sens.