Une formation d’excellence
Hanako, 24 ans, issue d’un milieu éduqué, apprend son métier auprès des autres couturières, notamment de Christiane, la doyenne de l’atelier, quarante-trois années de Maison Christian Dior, qui possède le plus haut titre pour les couturières en haute Couture, « Première Main Hautement Qualifiée ». Hanako, apprentie depuis deux ans, me fait visiter l’atelier, me promène entre les tables de coupe, les tables de repassage (aspirantes, pour éviter de devoir manier des fers de plus de cinq kilos, comme le faisaient les petites mains par le passé). Originaire de Toulouse, cette jeune femme cultivée se destinait à une carrière scientifique, comme l’y destinait son histoire familiale. Inscrite en médecine, elle ne se sentait cependant pas à sa place. Attirée par les métiers d’arts, Hanako rencontre alors des couturières, sent l’appel des « métiers de la main », l’artisanat, et se renseigne à la Chambre Syndicale de la Couture. « J’ai appris qu’il existait un concours de recrutement organisé en collaboration avec LVMH. Quand les candidats arrivent en fin de sélection, ils ont l’opportunité de rencontrer les directeurs des ressources humaines deux maisons du groupe : Christian Dior et Berluti. J’ai choisi la première, et je suis entrée en formation comme apprentie en CAP ». Sa spécialisation ? Les vêtements sur mesure et les tailleurs dames. Une semaine sur deux, à raison de trente cinq heures par semaine, Hanako se forme à un métier rare, sous la supervision de son maître d’apprentissage, placé tout près d’elle à son poste de travail. L’autre semaine, elle suit les cours de la Chambre Syndicale. On y dispense des cours de dessin, de Couture, de technologie du tissu (toutes les propriétés des textiles). Hanako s’instruit d’Histoire de l’Art, apprend le patronage. A l’atelier, chacun est polyvalent, et lorsque la jeune femme aura accompli son cursus d’apprentissage en 4,5 ans, elle sera hautement qualifié pour oeuvrer dans des ateliers de Haute Couture. En période « normale », l’atelier tailleurs compte une trentaine d’artisans et sept apprentis. Deux mois avant les défilés Couture, en janvier et en juillet, les effectifs peuvent doubler, et les extras sont souvent les mêmes personnes, qui connaissent bien les processus de création de la Maison.