Des « petites mains » aux petits oignons
Ce n’est pas le cas dans toutes les maisons, mais les artisans et apprentis sont chouchoutées chez Dior : « avant les défilés on fait plus d’heures mais il y a toujours un moment où on nous pousse à rentrer chez nous. Il existe un planning qui indique qui est resté jusqu’à quelle heure, pour équilibrer la charge de travail. Une masseuse passe aussi dans les ateliers pour nous détendre le dos et les épaules ». En 2017, l’artisanat haut de gamme fait encore rêver une jeunesse pourtant biberonnée aux technologies numériques. Car le travail de la Haute Couture n’a pour ainsi pas changé depuis le début du vingtième siècle. Lorsque Hanako aura accompli son apprentissage, elle pourra se prévaloir d’un « brevet professionnel en tailleur dame ». Dior a pris en charge sa formation, et lui paye un salaire. Après presque cinq années d’un apprentissage de très haut niveau, la jeune femme, comme tous les autres élèves-artisans, pourra éventuellement choisir de partir travailler dans une autre Maison, n’étant pas contractuellement lié à la Dior qui a pourtant investi dans son éducation. Mais les liens créés ici sont tissés d’admiration et de loyauté, et puisque nombre de petites mains partiront bientôt à la retraite, les jeunes héritiers d’un savoir-faire précieux ont à coeur de le développer au sein de la Maison qui les a formés. « Dans un monde en mutation, je me sens privilégiée de pouvoir perpétuer un savoir-faire historique. Je ne pense pas que ce travail de la main disparaîtra de sitôt. Il existe encore des maisons qui se battent pour maintenir ce métier d’exception. »