Une sociologie de l’apprenti qui a évolué

« Longtemps, on arrivait à l’apprentissage par défaut », décode Emmanuelle Fravre. « Dans les années 50-60, c’était la seule voie pour des jeunes filles pauvres et peu éduquées, mais aujourd’hui, l’artisanat et l’apprentissage sont beaucoup plus valorisés pour leur efficacité sur le marché de l’emploi. Nous recrutons des profils détenteurs d’un BAC et d’un BTS (brevet de technicien supérieur), qui reviennent en CAP (certificat d’aptitude professionnelle). De nos jours, les jeunes apprentis sont instruits ; cette formation est un choix conscient, et non le fruit d’un déterminisme social. » Depuis 2013, la Maison Christian Dior a ainsi formé une soixantaine d’apprentis (dont 70 % de femmes). Les uns feront carrière dans les équipes qui les ont accueilli et accompagnés, d’autres partiront avec leur précieux bagage en main : « puisque la formation est très longue, certains peuvent choisir de s’orienter vers d’autres terrains d’apprentissages. D’autant qu’on ne peut pas employer tout le monde. On leur fait cadeau de leur formation, c’est une sorte de mission d’utilité publique, pour qu’ils soient parfaitement opérationnels sur le marché du travail. »