5 questions à Sandra Fassio

Sur 22 candidatures, Sandra Fassio a été retenue avec trois autres réalisatrices pour participer à la première édition du Boost Camp. Interview.

Un mot sur votre film?

J’ai déjà réalisé deux courts métrages dont un sur le Kanun (un code traditionnel albanais à l’origine des vendettas, ndlr). Aujourd’hui, je réalise un long métrage sur le même thème. Ce sera un film noir qui parlera de la responsabilité des femmes dans la transmission des codes d’honneur.

Un film noir réalisé par une femme, c’est rare?

Oui, c’est un fait mais moi je trouve ça plus marrant à écrire. Ce qui est intéressant dans le projet, c’est que le personnage principal est une femme. A l’origine, c’était un homme parce c’est toujours le cas dans ce genre de films. L’une de mes références en la matière, c’est «Le Parrain» par exemple. On est plongé dans un univers très masculin, très viril, ce sont des règles phallocrates qui dominent. On est tellement habitué à ce que les femmes soient absentes que je n’ai pas directement pensé à une héroïne. Je me suis demandé ce qui m’en empêchait et j’ai finalement créé un personnage principal féminin, des mères très dures, très violentes. J’ai de la chance d’être une femme parce que ça me permet d’inventer quelque chose de nouveau, d’amener de nouvelles perspectives. Si j’étais un mec, ce serait beaucoup plus dur.

Un avis sur le Boost Camp?

Dans mon parcours de réalisatrice, je n’ai jamais eu l’impression qu’être une femme posait problème, je ne me suis jamais sentie discriminée. Lorsque ma productrice m’a parlé du Boost Camp, je n’étais pas vraiment convaincue par le côté «discrimination positive» mais le fait d’y avoir participé m’a amenée à me poser plein de questions. Au final, l’expérience est super positive et je me dis que c’est important d’avoir des initiatives comme celles-là. Le programme nous aide à développer notre film mais aussi à nous vendre. Diana Elbaum dit souvent que les femmes attendent d’être à 120% de leurs capacités pour démarcher alors que les hommes se satisfont de beaucoup moins, et c’est vrai!

Votre expérience avec les autres réalisatrices? 

Magique! Ca a été un vrai plaisir de travailler avec elles. Dans les ateliers d’écriture classiques, les femmes sont souvent en minorité et on sent qu’on doit toujours faire sa place, se battre un peu plus que les autres. Je ne sais pas si c’est le fait de se retrouver entre filles mais on a ressenti une vraie énergie de groupe. Ces semaines ensemble nous ont procuré un sentiment de force et de liberté.

Un conseil pour les femmes qui veulent se lancer dans le cinéma?

Mon conseil serait le même pour les hommes: osez! On peut tout se permettre, il faut faire l’effort de regarder là où on se l’interdit habituellement.

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