Prenez la vie comme un film d’Ingmar Bergman
C’est lent, c’est contemplatif, souvent c’est muet, c’est profond. Pas d’effets spéciaux, pas de sentiments spécieux, c’est le quotidien dichotomique. D’ailleurs, c’est en noir et blanc. C’est reposant.
Comment vous faisiez avant :
Chaque événement de votre existence donnait lieu à un récit en 3D avec sièges vibrants. Il fallait toujours des sous-titres parce que même quand vous alliez au Delhaize et que le self scan faisait des siennes, vous racontiez ensuite une épopée où les objets se retournaient contre vous, arrivant à la conclusion que vous deviez planter vos propres courgettes sur votre balcon. A chaque sms d’un homme – le vôtre ou un autre – il fallait décoder dix-huit niveaux de lecture et finalement, vous vivez dans un film d’Almodovar qui aurait clashé David Lynch.
Comment vous faites maintenant :
Vous vivez les choses en temps réel, sans vous projeter dans le futur, sans revisiter le passé. A l’image de l’interminable séquence du 7ème Sceau, où un oiseau vole contre le vent en plan séquence pendant ce qui semble deux ans aux spectateurs, vous acceptez le rythme consternant de la réalité. Plus d’accélérations compulsives à coups de réseaux sociaux, finies les soirées consacrées à n’attendre que le lendemain. Ah ça, quand on est conscient du moment présent, chaque minute devient interminable. Mais c’était bien votre obsession, vivre plus longtemps. Rassurez-vous : il vous en reste, des plombes de colombes avant le générique.
2018 ne sera pas l’année de la fuite, mais le moment de faire, enfin, votre cinéma.