C'est une collection à la fois stricte et sensuelle, ambigüe.
Pour dessiner ces souliers, Michel Perry, styliste de la maison, s'est inspiré des modèles masculins historiques de la maison. Il y a mis un peu d'humour, en exagérant certaines lignes, pour ne pas transposer les modèles au premier degré. C'est la déclinaison d'un certain univers masculin (même si on les rencontre finalement beaucoup de femmes) : l'équitation, le golf, le port du smoking...
Le réalisateur français Cédric Klapisch signe de son côté un court-métrage drôle et glamour de présentation de la collection, "La Chose Sûre".
Michel Perry dessine des chaussures depuis 40 ans. En 1987, il crée sa marque éponyme. Il collabore avec J.M. Weston, au design des collections, depuis 2001. Selon le créateur que nous avons rencontré à Bruxelles, Isild Le Besco incarne l'égérie idéale de la collection : « il émane d'elle une certaine fragilité, qui contraste avec la robustesse des souliers. »
Nous buvons un thé Grand Place. Emmitouflé dans un beau pull gris, avec ses cheveux grisonnants, sa moustache, ses lunettes et ses mains d'artisans, il m'évoque un Gepetto du soulier. D'ailleurs, il a la poésie du sculpteur : "L'époque porte à explorer la gamme de ce qu'une femme peut porter sans exacerber ses clichés. Les chaussures se font de plus en plus discrètes, elles ne prennent plus le dessus sur celle qui les porte. Moi, je m'assagis avec le temps, j'évolue. Quand je vois les chaussures que certains stylistes proposent aux femmes - et qu'elles acceptent - je me dis qu'à travers ces pièces impraticables, il y a une forme de manipulation."Il enfonce le talon : " Décaler la chaussure du soir, c'est accentuer cette démarche : ce n'est pas parce qu'on sort pour une « occasion », qu'on doit porter un escarpin doré de 12 centimètres. Comme chez Saint-Laurent, l'emprunt au vestiaire masculin, c'est l'alternative aux attributs attendus. Cette collection chez J.M Weston, c'est le détournement de la masculinité : plus ambivalent, dont plus mystérieux."
Ainsi, ces modèles sont hors normes, hors saison, et hors mode. "J'aime l'idée que les femmes puissent jouer avec les codes, et qu'elles ne soient « victimes de la mode", que si elles le veulent bien. C'est à dire, pas".
