Pas besoin de sondage : c’est le gars qui fait tourner toutes les têtes. On oublie le politiquement correct, et on se l’offre pour les fêtes.
35 ans. Tout en muscles et regard pénétrant. Un peu fêlé. Un peu sur le fil. Premier belge Césarisé « meilleur espoir » au début de cette année. Dernier Belge porté aux nues par les anges d’Hollywood.
C’est que, depuis 2012 et « Rundskop » (« Bullhead », à l’international), nominé pour l’Oscar du meilleur film étranger, Matthias Schoenaerts n’est plus seulement un acteur flamand.
Dix ans quasi jour pour jour après le « vrai » début de sa carrière (qu’il situe en 2003 avec « Meisje » de Dorothée Van Den Berghe), il est devenu un people bankable.Un statut effrayant pour quelqu’un qui déteste le terme « carrière » et tous ses dérivés. Mais aussi un statut de rêve pour un gars entier qui ne se sent jamais si vrai que dans les situations émotionnelles extrêmes.
Matthias, c’est tout et son contraire.
- C’est un gars accessible
« J’adore vivre à Anvers. Il y a tout ici : de l’eau, la campagne, la ville. De toute manière, puisqu’on peut passer des castings par Skype, pourquoi vivre dans les capitales ? »
- C’est un gars insaisissable
Matthias qui compte des agents en France, en Belgique et aux States mais que l’on ne parvient pas à joindre parce qu’« il tourne ». Ça, c’est vrai qu’il tourne.
- C’est le nouvel acteur incontournable
L’an prochain, il sera partout. Dans « The loft » d’Erik Van Looy, le remake américain du succès flamand dans lequel il jouait déjà, en 2008, le rôle de Filip.
Dans « Animal rescue » de Michaël – « Rundskop » - Roskam, avec Noomi Rapace et James Gandolfi. Dans « A little chaos » d’Alan Rickman, dans lequel il campe Le Nôtre, le jardinier de Louis XIV, aux côtés de Kate Winslet.
Et encore dans « Suite française » de Saul Dibb, avec Michelle Williams. Rien que ça.
- C’est un homme fragile
Malgré ce succès sans limite, on sent chez lui ce sentiment d’illégitimité, que partagent, il est vrai, tous les grands acteurs. « Être bon dans un film, ça donne des angoisses. On se dit que la fois d’après, ils vont se rendre compte que c’était un coup de chance. Il faut se montrer à la hauteur, tout le temps. Sauf que jouer, ce n’est pas scientifique ni mathématique, c’est quelque chose de très fragile. »
- C’est l’homme de la situation
Il sait tout faire, tout interpréter. « Selon que j’ai des poches, des cernes, une barbe, aujourd’hui, j’arrive aussi bien à jouer un mec de 19 ans qu’un homme de 42 », confiait-il à nos collègues de ELLE Man il y a quelques mois.
- C’est un acteur né
Son métier, il l’a dans le sang. À 8 ans il monte sur scène pour la première fois aux côtés de son père. « Mon père (ndlr : l’acteur Julien Schoenaerts, mort en 2006), c’était le Depardieu de la Belgique flamande, un sauvage. Il y a des milliers d’histoires sur lui. Un mythe. Mais il n’aimait pas du tout le cinéma. Il ne fallait ni le faire attendre, ni l’interrompre. Il avait besoin de la durée d’une représentation pour se perdre. Moi aussi j’ai besoin de m’égarer, mais je réussis à m’oublier dans la brièveté des prises. »
- C’est un homme fort
Matthias s’est beaucoup occupé de son père qui souffrait de problèmes psychiques graves. Un père à qui il a dédié son César. A lui plutôt qu’à ceux qui ont longtemps tenté de le faire entrer dans le cadre.
Une piste pour comprendre sa réaction face à l’industrie pharmaceutique. « Regardez comment on est, tous : on est stressés, alcooliques, dépendants de substances, suicidaires. Même les ados. Moi, quand j’étais adolescent, je me clarifiais en faisant beaucoup de sport. L’industrie pharmaceutique fabrique des pilules pour tout (…) Il faut trouver les ressources en nous et cesser de penser que c’est pathologique d’être parfois en baisse de régime. »
- C’est un dur
Plus jeune, Matthias Schoenaerts était de ceux qu’il ne fallait pas emmerder. De ceux à qui il ne fallait rien dicter. Il reste quelque chose de cette affirmation dans la puissance de ses déplacements, dans le magnétisme de ses gestes.
Une volonté de perfection, une détermination à tenir à distance les angoisses et les obsessions. Un côté radical qui surprend les pros du métier habitués à rencontrer des acteurs mués en divas. Lui, il n’aime pas ça. « Sur les tournages, on me traite comme si j’étais un bibelot en porcelaine, c’est complètement infantilisant. »
- C’est surtout LE mec qui nous fait rêver
Un homme qui dit : « Tous les discours sur la dévirilisation des hommes sont ridicules. Au contraire : passer l’aspirateur ou nettoyer un sol virilise les hommes, au lieu d’en faire des objets passifs qui dépendent de leur compagne pour tout. »
Conscient de ce qu’il dégage, il n’est pas dupe. « Il y a plein de marques qui flottent autour de nous, les acteurs et actrices, et qui cherchent à s’accrocher à notre nom. Avant, la sexualisation de la femme était plus lucrative que celle de l’homme. C’est moins vrai aujourd’hui ».
Est-ce qu’il nous pardonnera de l’offrir en double page pour notre anniversaire ? Est-ce qu’il nous accusera de ce sexisme ordinaire ? Sans doute. Parce que face à un gars comme ça, on ne peut que faire valoir nos instincts les plus bas.