LIONEL DE LIEDEKERKE ( 24 ans ) – BAMBOO GRANOLA
DE COMMERCIAL À CUISINIER
Les débuts de Bamboo Granola ?
« Après mon master en marketing digital, je suis devenu commercial, puis account manager, dans une boîte qui développe des applications mobiles. Très vite, ça ne m’a plus amusé. De son côté, ma copine Charlotte, une fan de cuisine, a élaboré une recette de granola qui cartonne auprès de nos proches. Un jour, on s’est dit en se marrant que ce serait sympa d’en faire un projet professionnel. On a créé notre page Instagram et le succès a été immédiat. Mais le déclic s’est produit lors d’un voyage en amoureux à Bali. On a eu un coup de cœur pour l’endroit : l’île est magnifique, tout le monde mange du granola dans des bols en noix de coco… On avait trouvé l’identité visuelle et le nom de notre marque ! Notre but, c’est de proposer un produit belge, artisanal, sans sucre raffiné et abordable. »
Et après?
« Mes parents nous ont prêté leur garage pour qu’on débute la production. On a investi un peu d’argent dans un four, j’ai moi-même fabriqué notre hotte et on a été agréé par l’Afsca (l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire, ndlr). Pendant toute une période, on est resté cloîtrés entre quatre murs, à cuisiner du granola de 8 h du mat’ à 10 h du soir (rires) ! C’était intense physiquement mais on connaît super bien notre produit et ça a payé. On a commencé il y a cinq mois, on a très vite démarché des petits magasins de qualité et maintenant on est dans la grande distribution. Mais le côté artisanal reste très important pour nous. »
Des appréhensions avant de te lancer ?
« On n’a pas vraiment eu le temps de tergiverser : j’avais quitté mon job avant de partir à Bali, il fallait donc que ça fonctionne assez vite. C’est stressant parce que je suis jeune et que je n’avais aucune idée de la marche à suivre pour lancer une société. Et puis, bosser en couple, c’est aussi une décision importante. Mais d’un autre côté, c’est génial de voir que notre produit se vend et je suis beaucoup plus excité de me lever le matin. J’ai toujours été un lève-tard, ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui (rires). »
La réaction de tes potes ?
« Les premiers commentaires étaient plutôt négatifs. Vendre du granola, c’est moins sexy que de commercialiser sa bière. On me regardait aussi de travers parce que ça ne faisait pas très longtemps avec ma copine. Mais on ne s’est pas lancés comme deux amoureux aveugles ! On avait un business plan solide et on savait qu’il y avait de la place pour du granola artisanal parmi toutes les alternatives industrielles bourrées de sucre. Aujourd’hui, on est contents d’avoir prouvé que notre idée était bonne. »
Les côtés positifs d’un job manuel ?
« C’est plus concret. Au final, j’ai un produit tangible, que j’ai réalisé de mes propres mains et que je peux vendre directement. C’est beaucoup moins frustrant qu’un métier de service où on négocie parfois pendant trois mois pour rien. J’ai toujours aimé le travail manuel, je réalise mes propres meubles par exemple, mais je ne pensais pas que je ferais carrière dans l’alimentaire ! »
Le retour à l’artisanat, un phénomène générationnel ?
« Oui, les métiers manuels sont de plus en plus valorisés et on est une génération qui veut absolument s’épanouir. Je pense qu’on est beaucoup moins patients : si on n’est pas convaincus qu’on exerce le job de nos rêves, pourquoi rester ? J’ai aussi l’impression qu’on est programmés pour entreprendre. Tout le monde autour de moi est en train d’élaborer son business plan pour lancer sa boîte… »
Un conseil ?
« Foncer, mais pas dans un mur. Si tu n’es pas heureux dans ce que tu fais et que tu as du potentiel pour exercer un métier manuel, lance-toi. Après, ce n’est pas évident financièrement les premières années et c’est important d’être polyvalent.»
Photos et vidéo: Justin Paquay