Les Filles à Papa nous ont donné rendez-vous sur leur péniche à Liège. L’occasion de tout voir et tout savoir sur leur univers.

Loin d’être sous la coupe d’un père autoritaire, Carol et Sarah Piron ne se soumettent à aucun diktat. Entre décalage et décadence, leur griffe affole avec son allure folle. Suivez le guide.

Au-delà du vêtement, ces (âmes) sœurs racontent des histoires pleines d’autodérision et travaillent leurs séries de A à Z : du concept à l’édition en passant par les portraits psychologiques et les postures nonchalantes de leurs muses, rien n’est laissé au hasard.

FAP: UNE MARQUE ULTRA SINGULIÈRE

Du sequin, du sportswear, des jeux de coupes et de matières, mixés à des slogans catchy ou clairement provoc’, les collections Filles à Papa des sœurs Piron brouillent les pistes depuis 2012. Un vestiaire urbain qui emprunte ses codes aux années 90, au sportswear californien, avec une touche couture dans la façon et une bonne dose de second degré. Depuis le lancement de son e-shop, la griffe cartonne dans le monde entier. L’occasion de passer en revue le vocabulaire mode de ces créatrices décomplexées, sans concessions et ultra-créatives.

Filles à Papa, le lookbook. 

Icone citation

« On n’était pas du tout prédestinées à devenir des créatrices de mode. On vient d’un milieu pas du tout arty à la base. »

Carol et Sarah Piron, les créatrices à suivre du label FAP.

Sarah se lancera pourtant dans des études de stylisme à Lille. Carol, de son côté, fera les arts graphiques à Bruxelles. Vite vient l’envie de travailler ensemble sur un projet qui allierait leurs deux compétences. Aujourd’hui, elles dessinent autant l’une que l’autre et concrétisent leurs idées sans suivre d’héritage particulier.

In her shoes…

NOM DE CODE

Tomboy, le nom de code de ce t-shirt devenu culte.

«TOMBOY». Un statement fort. Six lettres qui ont bouleversé l’histoire de Filles à Papa et dont l’évocation passionne encore la « fashionsphère ». À l’origine, ce fut le slogan d’un T-shirt et d’un sweatshirt présentés lors de la collection printemps-été 2013. Devenus emblèmes, Sarah et Carol les rééditent en exclusivité sur leur e-shop en cette fin d’année. shop.fillesapapa.com

LEUR Q.G.

La péniche transformée en bureau de création des FAP.

Pour l’interview, Carol et Sarah nous donnent rendez-vous à Liège, berceau des FAP. « On y a grandi, on y vit et on y travaille. L’atelier est situé à Herstal où sept personnes bossent à temps plein. Pour brainstormer relax, on se retire sur notre péniche. » Un lieu hors du temps aussi surprenant qu’inspirant.

Moodboard on board.

A.D.N.

Leur truc ? Coller et assembler des codes complètement différents, marier des références opposées et faire un remix d’informations pour créer un nouvel entre-deux, plus nuancé, plus complexe. Leurs inspirations n’ont bien souvent rien à voir avec l’univers de la mode : un film d’auteur, la typo de karaoké, l’univers des night shops comme des Demolition Derbies (ces courses auto- mobiles américaines dont le but est de se rentrer dedans). « Le streetwear californien et la subculture nous parlent mais comme plein d’autres choses. On fonctionne énormément à l’intuition. On avance saison après saison, en fonction des rencontres, sans se projeter trop loin dans le temps. Nos pièces ultra-référencées véhiculent souvent un message fort qui parle aux gens. Qu’on aime ou pas, elles ne laissent pas indifférent.”

Trio de tête 

Le trio de tête des FAP.

Rapidement rejoint par Grégory Derkenne, photographe liégeois et responsable de l’identité visuelle de la marque, le duo devenu trio fonctionne comme une petite démocratie où chacun défend ses idées. Au-delà de la création des collections, Carol et Sarah dirigent l’organisation et la gestion du label. « C’est un boulot énorme dont la création pure ne représente que 10% ! »

MUST-HAVE

Le jeans Twisted Cut.

« Pour la collection “ Resort ” de cette année, on a lancé notre ligne de denim Signature avec le jean “ Twisted Cut ”. Un pantalon où l’avant et l’arrière ont été inversés avec une finition stretch ultra-confo. En slim, flare cut ou boyfriend, il fait un super beau cul et ce, dans toutes les tailles ! » (À partir de 285 € pour le modèle classique).

Icone citation

«ON S’INSPIRE PARFOIS DE RÉFÉRENCES TELLEMENT TOO MUCH QUE ÇA EN DEVIENT COOL. »

LEURS GRIS-GRIS

« On adore les bijoux de Kim Mee Hye, une copine mais aussi une créatrice belge incroyable. On porte toutes les deux sa croix autour du cou. » (www.kimmeehye.com)

WELCOME ON BOARD

Après y avoir vécu pendant six ans, Carol a transformé sa péniche, amarrée entre deux écluses à Liège, en bureau de création. Un univers inspirant où les deux sœurs s’isolent pour penser leurs nouvelles collections. « Le fait d’être basées à Liège et non à Paris nous épargne un peu niveau pression. Ici, on essaye de ne pas se mettre trop de contraintes pour laisser parler notre créativité. »

LA COLLAB’ QUI CLAQUE

Filles à Papa et ses collab’ qui claquent.

Pour la collection FAP de cet hiver, le collectif de dessinateur/sculpteur « Mon Colonel & Spit » (Eric Bassleer et Thomas Stiernon), a réalisé des illustrations inspirées du thème « night shop ». Des tags qui viennent se greffer sur un ensemble de « survet’ » ou sur un costume bleu marine à fines rayures.

Icone citation

«LE MAUVAIS GOÛT ? LE SNOBISME. »

Kimono version FAP.

LA MODE D’AUJOURD’HUI

Dans la lignée de la déferlante VETEMENTS et Off-White, Filles à Papa abat les murs entre luxe convenu et subculture. « C’est le streetwear qui redéfinit les codes du luxe aujourd’hui. Un retour à un certain réalisme qui fait du bien », explique Carol. En plus de s’approprier le vestiaire masculin comme d’autres marques le font, Filles à Papa lui insuffle un vent d’optimisme avec par exemple, des sequins et des incrustations de cristaux à porter sans modération.

LEURS MUSES

Vera Van Erp, la muse FAP.

Regard blasé et cheveux gras, l’héroïne de la marque est tout sauf une fifille à son papa. Plutôt une tête brûlée qui se fout des convenances façon Kristen Stewart. « Elle possède un goût inné pour le too much. Elle n’est pas une suiveuse ; elle se moque des tendances tout en les manipulant avec subtilité. » Bref, une fille d’aujourd’hui à l’image de VERA VAN ERP, égérie de la marque depuis deux saisons.

LES STATES SONT FANS !

Le marché se calque de plus en plus sur le modèle américain qui impose des rythmes soutenus, ce qui tue un peu la spontanéité des créateurs. « Même si la présence physique en magasin reste super importante pour familiariser les gens à la qualité des coupes et des matières, notre e-shop permet de s’adapter aux exigences du marché sans devoir subir la pression des quatre collections et de s’ouvrir à la clientèle internationale. Depuis son lancement, il cartonne Outre- Atlantique. Notre marque est clairement taillée pour ce marché où son côté barré plaît énormément. »

Filles à Papa est vendu chez Icon à Bruxelles, chez Irina Kha à Liège et partout dans le monde via l’e-shop: shop.fillesapapa.com