Chaque année en avril, le "Festival International de Mode et de la Photographie d'Hyères" rassemble les meilleurs talents émergents, accueillis et soutenus par des les plus grandes maison internationales dans une villa perchée. Cette année, 3 "Belges" y défendront l'avant-garde.
Nous mettons des guillemets, parce que pour avoir été formés à La Cambre et à l'Académie d'Anvers, certains d'entre eux sont citoyens français ou jamaïcain. Mais tous sont citoyens de la mode. En outre, le Président du Jury Mode, Haider Ackermann, est également diplômé de l'Académie d'Anvers. C'est l'année belge à Hyères.
Découverts, mis en lumière puis soutenus par de prestigieux sponsors, les jeunes designers qui participeront à la 33ème édition du concours n'auront plus qu'à éclore. C'est pour ça qu'on les cultivera au soleil, du 26 au lundi 30 avril 2018 à la villa Noailles. Les expositions seront ouvertes au public jusqu'au 27 mai 2018. Le "Festival d'Hyères", de son affectueux surnom de son petit nom, c'est le rendez-vous de ce qui se fait de plus avant-gardiste, prometteur et culotté. Aspirants bougeurs de lignes et professionnels chevronnés, ils se retrouvent dans le jardin et les escaliers de béton blanc de la Villa Noailles, au sommet d'une colline entourée d'un jardin qui serpente vers le soleil, quelque part entre Toulon et Saint-Trop'.
Cette année, le "Festival International de Mode et de la Photographie d'Hyères" animera à nouveau 3 concours à portée internationale, mettant en compétition - mais surtout en exergue - 10 créateurs de mode, 10 photographes et 10 créateurs d'accessoires de mode.
Ces concours seront respectivement présidés par Haider Ackermann (Maison Berluti), Bettina Rheims et Christelle Kocher (Maison Lemarié).
Les "Belges" sélectionnés :
Ester Manas, qui pour sa collection de fin de Master à La Cambre a présenté en juin dernier une collection qui osait explorer de nouveaux territoires mode qui font du bien : son propos, célébrant l’excès de chair pour en faire un bijou, était de démontrer que toutes les femmes peuvent être sexy, si elles sont prêtes à oser, et qu’on leur en donne les moyens stylistiques. Selon la jeune femme, dont la collection a été acclamée, « quand l’homme a besoin d’une armure, il enfile un costume. J’ai réfléchi à la façon dont les femmes, rondes en particulier, pouvaient se sentir sûres d’elles sans se cacher, comme c’est souvent le cas ». Ester a donc éclaté les lignes sans les exagérer, elle est parti sur l’idée d’une cow-girl sexy, qui s’assume et quasi s’exhibe, créant un dialogue entre la peau et le cuir. Jusque dans les peintures volcaniques craquelées elle évoque les vergeture, et propose la transparence qui à sa façon, démasque une hypocrisie latente autour des courbes pleines. Une démarche positive et assumée, pour un propos universel.
Rushemy Botter a fait le show sous l’eau, interprétant lors du dernier show de l'Académie d'Anvers les questionnements sociologiques et écologique d’une jeunesse caribéenne qui cherche son chemin pour s’intégrer, tout ça avec humour : il a exagéré les codes urbains pour mieux nous parler des îles, métaphoriques, à n’en pas douter.
Sarah Bruylant, formée à l’Amsterdam Fashion Institute après des études en stylisme-modélisme à la Haute Ecole Fransisco Ferrer.
A part un lancement de carrière sur orbite et/ou des offres d'emploi dans des studios internationaux, une attention médiatique et publique exponentielles, que peuvent-ils gagner ?
Le Grand Prix du jury Première Vision est doté:
- d'une bourse de création de 15000 euros remise par Première Vision et d'une visibilité lors des salons de New York et Paris
- d'un projet de collaboration avec les Métiers d'Art de CHANEL, à hauteur de 15000 euros
- d'une collaboration avec Petit Bateau, dotée de 10000 euros plus des royalties, pour la création d'un ou plusieurs modèles qui seront fabriqués
et commercialisés par la marque.
- d'un Prix Chloé doté d'une bourse de création de 15000 euros
D'autres prix spéciaux pourront être décernés par le jury mode
Le Jury Mode sera composé de :
Haider Ackermann, Créateur et Directeur artistique de la Maison Berluti
Farid Chenoune, Historien de la mode
Jefferson Hack, Co-fondateur de Dazed Media
Farida Khelfa, Réalisatrice, actrice, mannequin
Delfina Delettrez Fendi, Créatrice de bijoux
Lou Doillon, Auteur-compositeur, artiste
Ben Gorham, Fondateur et directeur de création de Byredo
Tilda Swinton, Actrice
Vanessa Schindler, Créatrice de mode, Lauréate du Grand Prix du jury Première Vision à Hyères en 2017
Pour bien comprendre l'ambiance et mettre les enjeux en perspective, il faut se figurer des étudiants ou tous jeunes entrepreneurs de la mode partageant des bières assis dans l'herbe avec des capitaines d'industrie du luxe, des chasseurs de têtes, des journalistes du monde entier, et quelques visiteurs locaux. On parle mode, on respire mode, on écoute des concerts (à la mode). Ce Festival est aussi un carrefour de rencontres où des marques de luxe ou des enseignes professionnelles (les Galeries Lafayette par exemple) peuvent faire basculer une carrière. Chanel (grand partenaire), LVMH, Swarovski, Chloé, la salon d'innovation textile Première Vision, American Vintage, Petit Bateau, Vilebrequin, Kering ou Elie Saab, ils sont tous là pour observer, soutenir… et recruter.
Que vous soyez aspirant designer, étudiant ou juste fan de mode progressiste, le saut dans le Var vaut le coup, pour voir. Vous débarquerez dans une sorte de réjouissant hybride entre une fashion week, un défilé de haute école de mode, et un Woodstock du stylisme. D'ailleurs à Hyères aussi, parfois, il pleut et dans le jardin, et on peut patauger dans la boue en dansant. Chaque année, le Festival fait le bonheur des Airb'n'b, des hôtels-spas de la côte, et des cafetiers. Même s'ils adorent râler contre l'invasion de touristes, ça fait partie du folklore.
Outre les expositions de collections et de photographie – le Festival est double – le public peut assister tous les jours à des conférences (très haut niveau d'interlocuteurs) portant sur les enjeux de l'industrie de la mode. Cet événement majeur pour le secteur se concentre « à la bonne franquette » dans les jardins de la villa bâtie par Charles et Marie-Laure de Noailles dans les années 20. Dessinée dans l'optique d'une architecture anticonformiste pour ce début de XXème siècle (un ensemble géométrique de cubes en verre et en béton), la maison invitait à l'épure et à la réflexion. Le couple de Noailles, mécènes et précurseurs de modernité, contribuèrent à la reconnaissance de toute une génération de surréalistes, de dadaïstes et autres rebelles des arts cinématographiques et musicaux : Salvador Dali, Jacques Lipchitz, Alberto Giacometti, Francis Poulenc, Man Ray, Jean Cocteau, Luis Buñuel. Et sans le savoir un siècle plus tard, de jeunes et belles maisons de mode.
Le volet Photo :
Le concours sera présidé par Bettina Rheims.
La Maison CHANEL s'associe au Grand Prix du jury photographie avec une dotation de 15000 euros versée au lauréat.
American Vintage s'associe également avec le Festival International de Mode et de Photographie et d'Accessoire de mode à Hyères pour trois ans et crée le Prix de la Photographie American Vintage. La dotation, d'une valeur totale de 15000 euros (dont 5000 euros destinés au photographe lauréat), consiste en une commande d'une série photo. Le lauréat sera désigné par le jury parmi les dix photographes sélectionnés.
Le Prix de la nature morte est doté d'une bourse de création de 5000 euros.
D'autres prix spéciaux pourront être décernés par le jury photographie.
Le Concours Accessoires, pour la deuxième année :
Il sera présidé par Christelle Kocher.
Le Grand Prix Accessoires de mode Swarovskisera doté d'une bourse de création de 15000 euros par Swarovski, et d'un projet de collaboration avec les Métiers d'art de CHANEL, à hauteur de 15000 euros.
Le Festival, en quelques points saillants :
Créé par Jean-Pierre Blanc en 1985 et présidé par Pascale Mussard (créatrice du « Petit H », le laboratoire d'expérimentations créatives d'Hermès), cet événement attire des dizaines de jeunes artistes de la mode et de la photo, supervisés et poussés par des acteurs majeurs dans leurs filières respectives. Du côté des professionnels, c'est une vaste foire à l'échange de cartes de visites, cravate dénouée et pieds dans l'herbe. On est porté par ce générateur de potentiels, on est charmé par le décalage entre le côté bucolique de la Villa perdue en hauteur en pleine nature, l'extrême sophistication des collections présentées, la qualité des happenings, et le casting :
Cette année, ont été présentés rien que pour la Mode près de 300 dossiers, de 60 nationalités différentes. Une aide pratique est apportée dès la sélection des candidats, puis pendant une période de deux ans couvrant de nombreux domaines : financement, production, artisanat, matériaux, édition, juridique, presse, exposition, atelier et résidence. Et de nouveaux partenaires apportent leur soutien à cette jeune génération en s'engageant auprès du centre d'art.
Dans ce coin du Sud où on est habitué à croiser dans les boîtes de nuits des touristes et des gens du pays, où en été les jupes sont plus courtes que les ongles vernis aux terrasses des cafés, le débarquement annuel de modeux habillés en noir et tentant chaque matin de se remettre de leur fête de la veille, ça marque les esprits...