La plus arty – Out of the box

LE PROJET DE L’ÉCOLE ? 

« Je suis philosophe de formation et, à l’époque, je dirigeais la Fondation Boghossian. On finançait beaucoup d’écoles au Proche-Orient mais un jour, je me suis rendu compte qu’il y avait aussi pas mal de boulot chez nous. En Belgique, 35 % des élèves sont en décrochage scolaire », explique la directrice, Diane Hennebert. « J’ai donc créé Out of the box, un atelier pédagogique privé qui s’adresse aux jeunes de 15 à 20 ans. Ils sont une trentaine et beaucoup ont vécu des situations de harcèlement. Lorsqu’ils arrivent ici, rien ne les intéresse, ils sont détruits. L’idée, c’est de leur redonner confiance en eux, de les valoriser, en misant sur un beau bâtiment, des activités de qualité et des profs de haut niveau. Le problème du système classique, c’est que certains enseignants sont des assassins de passions. Et pour les déloger, c’est très compliqué. »

LE PROGRAMME ? 

« Il y a toujours un thème directeur. Cette année, ce sont les arbres et les robots. On propose aux élèves une série d’ateliers liés : yoga, anglais, informatique, boxe, philo, chant, cuisine healthy, échecs, littérature… Le vendredi, on va voir une expo ou un concert de jazz par exemple. On se marre bien mais on bosse aussi beaucoup. Si tu veux faire du rap, il faut d’abord écrire sans fautes ! Le but, c’est qu’ils aient envie d’apprendre. On essaie de susciter de nouveaux intérêts chez eux: tous les mardis et jeudis, ils déjeunent avec une personnalité inspirante. On a déjà eu Jaco Van Dormael, Luc Dardenne, Edouard Vermeulen, Charles Kaisin, Agnès Varda… »

Diane Hennebert

LA DURÉE DE LA FORMATION ? 

« Les étudiants peuvent rester entre trois et neuf mois, mais on ne les laisse pas repartir s’ils n’ont pas de projets. Certains retournent à l’école, d’autres entament une formation professionnelle. Ce qu’on demande aux jeunes aujourd’hui, c’est surtout d’être créatifs, flexibles, bons en langues et en informatique. Ils reçoivent d’ailleurs tous un ordinateur portable, c’est leur cartable. »

LA MIXITÉ, UNE NÉCESSITÉ ?

« Oui, les jeunes créent des amitiés très fortes avec des personnes d’autres milieux et cultures qu’ils n’auraient jamais rencontrées ailleurs. Chaque année, on prend aussi des migrants. Depuis septembre, on a accueilli un Soudanais qui était au parc Maximilien et un Turc dont les parents sont en prison. »

LE RÔLE DES PARENTS ?

« Ils ont une obligation scolaire à Out of the box. Toutes les semaines, ils doivent suivre trois heures de coaching avec un psy spécialisé dans les problèmes liés à l’adolescence. Le but, c’est de redynamiser le triangle enfants-parents-profs. On est convaincus que si vous donnez aux ados de l’amour, du temps et de l’attention, ils s’épanouissent. »

La salle de yoga

LE PRIX ?

« On fonctionne au prorata des moyens financiers des parents. Certains ne paient rien, d’autres le prix plein, 1000 € pour trois mois. On ne voulait pas être subsidiés, si on s’appelle Out of the box, ce n’est pas pour faire partie du système. On garde notre indépendance mais on a de la chance d’avoir des personnalités, des entreprises et des fondations qui parrainent nos jeunes. »

LE RETOUR DES ÉLÈVES ?

« Ce qui est frappant, c’est que dès qu’ils arrivent ici, ils forment une famille. Même partis, les étudiants restent très attachés à l’école. Certains reviennent encore dire bonjour tous les midis. On a déjà eu un jeune en décrochage scolaire depuis ses 12 ans qui étudie maintenant la biochimie à l’université. Ou un autre qui avait été tellement harcelé qu’aucun son ne sortait de sa bouche. Il a réalisé un travail avec les artistes Pierre et Gilles et aujourd’hui il reparle, il a entamé une formation de cuisinier. C’est très gratifiant. » www.ofthebox.be