Il est là ! Après cinq années de rénovation “laborieuse”, le cinéma Palace ouvre enfin ses portes en plein centre de la capitale. Avec ses quatre salles dernier cri, son resto et son bar atrium, ce nouveau complexe dédié au septième art compte bien remettre le cinéma d’auteur (“au sens large”) à la place qu’il mérite : tout en haut de l’affiche.
“Notre objectif c’est de montrer du cinéma de qualité, ouvert sur le monde, qui entraîne le spectateur à s’interroger sur la société, qui pousse au dialogue et à l’intercompréhension”. Ce sont les mots de Luc Dardenne, président du conseil d’administration et accessoirement réalisateur (avec son frère Jean-Pierre) de chefs-d’oeuvre tels que “La Promesse” ou “Rosetta“. Des films en prise directe avec la réalité, qui questionnent les fondements de notre quotidien et proposent un regard brut mais sincère sur la vie. Parce que le cinéma n’est pas qu’un simple divertissement : c’est même l’un des meilleurs médiums d’émotions et de réflexions que la technologie nous ait offert. On ira donc au Palace pour s’émouvoir et “se découvrir soi-même” (dixit Dardenne), à travers des films qui se veulent “intelligents, dépaysants, enrichissants”. Voilà la définition du “cinéma d’auteur” selon le Palace : un cinéma qui ne s’interdit rien, si ce n’est une certaine tendance à la médiocrité. “Le cinéma d’auteur, c’est très large !”, insiste le cinéaste. “Et cela n’a rien à voir avec un cinéma difficile : Spielberg et Peter Jackson, c’est aussi du cinéma d’auteur !”.
D’où cette prog’ “ouverte d’esprit, sans chapelle cinématographique”, où l’on retrouve aussi bien le dernier Naomi Kawase (“Vers la lumière“) qu’un blockbuster avec Matthias Schoenaerts et Jennifer Lawrence (“Red Sparrow” de Francis Lawrence). Avec cet espoir que les grands écarts, s’ils sont mûrement réfléchis, créent une vraie dynamique de curiosité – aussi bien chez le spectateur dit “lambda” que chez le cinéphile dit “snob”… Beau défi, non ? Reste au Palace à affiner ce désir d’identité dans les mois à venir, ce qui passe également par son infrastructure.
Un complexe qui ne date pas d’hier
Créé en 1913 à l’initiative de Charles Pathé, le Palace connaît une destinée riche en rebondissements – qui l’a vu passer de “plus grand cinéma de la ville” à paquebot en perdition. On vous passe les détails mais en tout cas ça faisait 5 ans que ce projet était en jachère. Aujourd’hui le (re)voilà flambant neuf, dans une dynamique d’architecture où l’ancien (l’Art Nouveau) côtoie le nouveau, “provoquant un dialogue interpellant entre les époques”. Conçu comme un espace polyvalent “de cinéma, d’events et d’horeca”, le Palace a donc été pensé comme un complexe aux potentialités multiples : on y va pour voir des films, mais pas que. Où, dixit Luc Dardenne : “On vient voir un film deux fois : dans la salle, puis on en parle au resto ou au bar”. Un resto d’une capacité de 100 couverts, qui privilégie le circuit court, ouvert sans interruption de 12h à 22h… Sans oublier le Kiosque et le Foyer, pour flâner en buvant un café ou chiner parmi les dévédés et les ouvrages dédiés au septième art.
Du cinéma pour tous
Inscrit dans une réalité sociale où se mélangent toutes sortes de publics (les écoles, les acteurs associatifs, les habitants du quartier, les cinéphiles, les professionnels du secteur,…), le Palace compte bien jouer son rôle d’éducateur. D’abord en programmant des films qu’on ne voit pas forcément ailleurs (cette foutue ren-ta-bi-li-té) – ou en leur laissant la chance d’exister à l’écran plus longtemps qu’ailleurs. Parce qu’à Bruxelles, il faut bien l’avouer : pour voir un bon film d’auteur, il faut se lever tôt… Et se dépêcher. Parallèlement à ces séances habituelles (et sans pub !!), des rendez-vous hebdomadaires et/ou mensuels seront également consacrés au documentaire, au court, au jeune public, et au cinéma belge. Sept films belges sortis récemment – mais en catimini – sont ainsi mis à l’honneur ces prochaines semaines… Et à chaque fois en présence de membres de l’équipe de tournage. “L’objectif c’est de faire se rencontrer le public et les gens du cinéma”, que ce soit donc lors de séances spéciales, d’avant-premières, de master classes et de conférences exceptionnelles. Vous l’aurez compris : le Palace est finalement bien plus qu’un cinéma. C’est un lieu de création et d’échange, d’art et de divertissement. Longue vie à lui !
Toute la programmation et les infos pratiques sur le site du Palace