Attention, il ne s’agit pas de faire rigoler les autres – on pourrait confondre – mais de porter sur la peau ce qui nous mettra du baume au coeur.

1 – Porter un tee-shirt de sport tout doux sous une robe Couture

Le concept : le « tee-shirt réconfort » peut être publicitaire avec un logo Jupiler ou Texaco (vous voyez où se place notre barème de l’insupportable), mais il peut aussi s’agir d’une culotte qui a déteint après huit cents lavages.

Ce qui rend heureux là-dedans : C’est la notion, vieille comme l’humanité et les peaux de mammouth brut doublées de lapin angora, de tromper son monde. C’est la talonnette dans l’escarpin qui fait qu’on n’est surélevée qu’à sept centimètres quand les autres nous pensent à douze, c’est la douceur du marcel élimé sous la robe bio en laine du Vercors. C’est le filoutage, sous la filature.

2 – Rentrer dans un jean oublié depuis des années

Le concept : Pouvoir se raconter qu’on n’a pas bougé d’un centimètre depuis l’été 2013 (alors qu’on a eu deux enfants entre-temps). Apprendre que le coton se rétracte avec le temps, c’est déjà l’info qui fait du bien au moral. Et on vous donne un truc : le démêlant détend les fibres – ce qui marche pour les cheveux fonctionne pour un 501 d’époque. N’oubliez pas l’option couturière de quartier, qui peut vous faire gagner une taille avec quelques coups de ciseaux (dans le jean, pas les cuisses).

Ce qui rend heureux là-dedans : On rabiote, à peu de frais, dix ans et un 38 (du moins dans la tête, mais c’est là que ça compte). C’est la pub Levi’s dans le coeur, le marketing du bonheur.

3 – Se la jouer lilliputienne

Le concept : Prendre une pièce trop grande et la ceinturer. La satisfaction est double : on se glisse dedans sans chausse-pied, et quant on cintre, on se sent minuscule. Mais grande par le talent, empowerment, et big garement.

Ce qui rend heureux là-dedans : C’est le trompe-l’oeil qui trompe l’ego, qui prend déjà assez de place comme ça. Pour une fois que se serrer la ceinture donne plus d’allure, on tire encore d’un cran, tiens. Respirer, c’est trop 2017.

4 – Troquer les selfies contre des polaroids

Le concept : C’est l’anticipation. Lorsque vous être frappée par une illumination d’harmonie de pièces trop vues, surtout si vous sortez d’un apéro à deux heures du matin (le sweat en jean avec un kilt, le body vinyl avec un pantalon à pont, le haut de pyjama avec des cuissardes ou que sais-je…) faites un pola, et accrochez-le sur le miroir de votre chambre, pour vous composer un moodboard.

Ce qui rend heureux là-dedans : Une heure de gagnée chaque jour, minimum. Et des mix de vêtements que vous portiez toujours de la même manière et qui composent soudain, quand vous êtes pressée donc paresseuse, une silhouette différente. Donc neuve, donc gratuite.

5 – Cultiver le déni météorologique

Le concept : Envie de porter votre mini-robe en soie en pleines giboulées ? Ne vous laissez pas brimer par des pensées limitatives du genre « j’attendrai qu’il fasse beau ». Déjà, parce que vous pouvez attendre longtemps : le changement climatique, il ne va pas dans le sens Copacabana… Ensuite, parce que la tradition de la mode belge commence par les superpositions. Ce n’est pas de la coquetterie, c’est de l’Histoire.

Ce qui rend heureux là-dedans : Cette seule liberté d’enfiler les saisons en fonction de vos désirs et non du thermomètre double les possibilité de votre vestiaire. Jongler avec l’évidence, c’est une forme de philosophie. Que de culture dans le secret d’une doublure…

6 – Ecouter les critique des gens qui ne nous aiment pas

Le concept : Par bienveillance, nos amis nous mentent. Ils nous assurent que ce pantalon taille basse à jambes larges est fait pour nous. Or, il nous donne une allure de culbuto. Nos potes valident aussi ce pull « gris ciment », mais écoutez plutôt ceux qui voient bien qu’il est couleur litière de chat.

Ce qui rend heureux là-dedans : En matière de mode, et de mode seulement, nos détracteurs sont parfois nos meilleurs conseilleurs. Car oui, vous mélangez trop les motifs et les couleurs. Ca ne fait pas Gucci, ça fait goût d’chiottes. Prenez leurs remarques en compte sans prendre ombrage, et d’ici peu, votre look épuré vous rendra plus heureuse.

7 – Changer ses habitudes (les mauvaises, surtout)

Le concept : Pour une fois, portez de l’orange Fanta. Ce ton est si éloigné de votre nuancier traditionnel, que tout le monde ne remarquera que ça. On a souvent l’idée étrange qu’une couleur forte ne nous convient pas. On la bannit. Parfois, on a raison. Parfois, on se prive de beaucoup de joies.

Ce qui rend heureux là-dedans : Ça fait diversion : on ne vous parlera que de ce pull poussin / Napoléon à la pomme / rose Barbie pendant six mois. Personne n’aura remarqué votre bouton, vos cernes ou les trois kilos des vacances. En outre, faire un pas de côté, ça sent bon la subversion.

8 – Porter les vêtements d’un(e) autre

Le concept : Votre amie d’enfance est tellement cool dans son boyfriend, avec une blouse fleurie rentrée dedans. Votre boyfriend est tellement cool, avec sa chemise fleurie. Arrêtez de les admirez : rackettez-les.

Ce qui rend heureux là-dedans : L’habit fait le moine, même si ça va à l’encontre de toutes vos croyances punks (d’ailleurs les punks, ce n’étaient pas les derniers, en matière de codes vestimentaires cataloguant). Donc, si vous enfilez les pièces fétiches de vos amis préférés, vous vous sentirez up-gradée, au moins le temps de la soirée. Peu importe le plastron, pourvu qu’on ait l’ivresse.

9 – Imiter le look d’une star

Le concept : Le gant blanc de Michael Jackson a fait votre bonheur dans les années 90, le perfecto de Madonna produisait la même euphorie à peu près au même moment. Quel est ce snobisme adulte qui consiste en se priver du plaisir de s’habiller comme Céline Dion si ça nous fait sentir diva ?

Ce qui rend heureux là-dedans : Le côté décomplexé de la groupie qui sait les valeurs sûres. Dort-on mieux avec un tee-shirt imprimé d’un loup quand on a chanté Johnny en cachette dans sa douche ? Peut-être. Ne négligez pas la valeur ajoutée du premier degré : en mode, less is mort.

10 – Remettre une tenue déjà trop vue

Le concept : Ça s’appelle « un classique ». Cette jupe verte, avec ce tee-shirt rayé et ces sandales bleues, vous n’avez mis que ça tout l’été dernier. Et vous étiez heureuse. Super vacances, super rencontres. Vous pensez que cette année, il va falloir varier un peu les plaisirs. Vous vous trompez.

Ce qui rend heureux là-dedans : Vous avez trouvé votre seconde peau, et chacun de ces vêtements est imprégné d’une sensation de sérénité et de fête. Les fringues ont une âme, une mémoire, et vous le savez. Laissez-les vous raconter votre propre histoire. C’est dans les vieux oripaux qu’on fait les meilleurs scoops.

(Illustrations : Valentine De Cort)