Du féminisme actif au slogan commercial

 

Zadig & Voltaire

En contactant quelques maisons de création au sujet de l’éventuel impact des polémiques actuelles à propos du sexisme sur leurs collections, nous nous sommes retrouvées face à des portes fermées, à des promesses de réponses finalement restées sans suite : on dirait que le sujet est radioactif. Pourtant, certaines marques n’hésitent pas à imprimer des postulats assertifs sur leurs vêtements. Ce qui représente une certaine avancée, si cela peut inspirer les jeunes filles qui les arborent : le T-shirt « Girls Can Do Anything » (lancé par Zadig & Voltaire puis repris par Pimkie) a été initié dans ce but par Thierry Gillier, fondateur de la marque : « Cette idée de liberté séduit les ados, c’est un mantra de génération ».

Pimkie

 

Chez Weekday, les filles peuvent désormais revendiquer, en anglais, que « si les femmes ont besoin de plus de sommeil, c’est parce qu’il est épuisant de lutter contre le patriarcat », tandis que Dior (encore !) se demande « pourquoi n’y a-t-il pas eu de grand artiste femme » (allusion à la question provocante de l’historienne féministe américaine Linda Nochlin dans un article publié, en 1971, dans la revue ARTnews.

Weekday

Dior

L’intention était d’interpeller sur un fait indéniable : l’histoire de l’art n’a retenu que les grands artistes masculins. Histoire de l’art écrite… par des hommes. Pour la saison automne/hiver 2018, les femmes pourront aussi rappeler grâce leur pull Dior, si le coeur leur en dit, que «C’est non, non, non et non». Mais cet éveil féministe marketé des consciences qui vaut pour les adultes ne semble pas s’appliquer aux petites, et c’est bien dommage. Vanig, maman de 40 ans, s’insurge contre les messages lénifiants destinés aux enfants : « j’aimerais que la mode évolue en ce qui concerne les vêtements destinés aux petites filles. Si les marques ne trouvent rien de plus pertinent à écrire sur leurs T-shirts que « jolie » ou « gentille », qu’elles se passent simplement de slogans. Depuis que je suis mère de fillettes, la mièvrerie sexiste de la mode enfantine m’irrite. »