Une manière détournée de presser encore plus le jus d’employés babysittés ?

Parfois. Parce que permettre aux gens de simplement travailler le nombre d’heures pour lesquelles ils sont payés, les autoriser à s’absenter quand ils doivent s’absenter, ça devrait être la base et pas un supposé cadeau déguisé. 

Des CHO en burn-out, devenus la cible d’employés déçus, ça existe. Ce sont des gens qui on été balancés là – en plus d’une fonction RH ou administrative existante – simplement parce qu’ils étaient sympas. Ils deviennent alors un goulot d’étranglement où s’accumulent les frustrations de chacun avec, collée sur le front, une étiquette de « réceptacle à problèmes ».

Certaines sociétés créent cette fonction pour la forme, sans vraiment mesurer les changements profonds que cela implique (modification dans l’organigramme, évaluations individuelles qui font mal, remise en question du fonctionnement de gens qui n’avaient rien demandé) et se retrouvent finalement avec des membres plus en bad qu’avant…

« Je reçois des mails de CHO qui me disent à quel point ils sont malheureux parce qu’ils n’ont pas les leviers d’action, parce qu’ils ne sont pas écoutés dans leurs recommandations », explique Laurence Vanhée*, Chief Happiness Officer respectée et référence en la matière depuis qu’elle a troqué son poste de Directrice des Ressources Humaines au SPF Sécurité Sociale contre cette fonction et obtenu le titre de DRH de l’année en 2012. « Tout celà vient du fait que le poste a été mal défini et qu’on ne peut pas demander à quelqu’un d’être à la fois office manager, de gérer le recrutement, les payes, de commander les sandwiches et d’être CHO. Ce poste n’est pas un vernis censé embellir la réalité… »

Car il ne faut pas négliger l’effet marketing et cosmétique d’avoir un.e CHO dans sa boîte. 

Crier au monde entier à quel point on prend soin de ses salariés, ça le fait. Laisser entendre à ces derniers qu’après « tout ce qu’on fait pour eux », ils n’ont pas le droit de râler, c’est un travers possible. 

« On ne parle pas de transformer la boîte en pays des licornes à paillettes, corrige Laurence Vanhée. Dans l’entreprise, on est lié à un contrat de travail. Un échange temps-compétence contre de l’argent. Le salarié est responsable de son bonheur, mais l’entreprise, par le biais de son Chief Happiness Offcer, va créer les conditions de ce bonheur. La contrepartie, pour l’employé, c’est de prendre ses responsabilités et de produire des résultats. Dans l’équation « Liberté + responsabilité = bonheur + performance », il ne faut pas occulter la seconde partie. Favoriser le bonheur au travail, ça demande de la sincérité et du courage. On ne doit pas se raconter des histoires ni en raconter aux salariés. » 

Il n’est donc pas question de partir au boulot comme on part en stage de développement personnel au soleil. On est là pour bosser, mais en mieux.