Après “Typically Weird”, la Liégeoise Cassandra Hocheit, créatrice de la marque Sé-ach, dévoile sa deuxième collection “Sweet sorrow”. En faisant appel à Mya, une mannequin transgenre de 21 ans, la créatrice belge livre un puissant message d’acceptation. Rencontre avec deux jeunes femmes qui bousculent les codes.
En plein casting du visage de sa nouvelle collection, la créatrice Cassandra Hocheit rencontre Mya, une jeune mannequin transgenre dont l’histoire va l’émouvoir. Ensemble, elles nous livrent le récit de leur collaboration et leur vision d’une mode alternative.
Sé-ach, un label de contrastes
À chacune de ses collections, Cassandra Hocheit, à la tête du label Sé-ach depuis 2016, s’inspire d’oxymores, ces figures de style qui allient des mots qui s’opposent. Ainsi, sa seconde collection baptisée “sweet sorrow” évoque une “douce douleur”. Dans cette même logique, la créatrice qualifie la femme Sé-ach de “mermaid punk”, mi-sirène, mi-punk. Deux termes contradictoires et pourtant complémentaires comme elle l’explique : “Elle est féminine et sûre d’elle. Elle porte ce qu’elle a envie sans peur d’être jugée, comme une robe avec des grosses Buffalo par exemple. ” Une femme tout en contraste, qui n’a pas froid aux yeux et qui s’affirme par le vêtement.
Un vêtement peut aussi être une thérapie, une façon de se sentir mieux dans sa tête et dans son corps. Cassandra Hocheit
Alors qu’elle lance un casting pour trouver le visage qui incarnera sa nouvelle collection, Cassandra Hocheit est contactée par Mya, une Liégeoise de 21 ans. “Je ne voulais pas passer par une agence car je cherchais une fille qui avait un style qui me parlait, peu importe ses mensurations ou son âge” explique-t-elle. Intriguée par Mya qui lui fait part de sa “particularité”, Cassandra est rapidement touchée par l’histoire de cette jeune femme transgenre. Lors du shooting, la créatrice n’a qu’une idée en tête : “je voulais que Mya se sente bien et se trouve belle sur les photos”. La jeune mannequin, qui réalise à peine ce qui lui arrive, garde quant à elle un souvenir exceptionnellement fort en émotions de sa première expérience professionnelle.
À travers Mya, Cassandra Hocheit espère transmettre un message d’acceptation : “Peu importe que l’on soit un homme, une femme, fort, mince, grand, petit, transgenre… Nous avons tous le droit de nous habiller comme nous le souhaitons et surtout le droit d’être soi ! C’est vraiment important de s’accepter. Et si mes vêtements peuvent permettre à certaines personnes d’être mieux dans leur corps, j’en suis heureuse.”
S’affranchir des normes
Un avis que partage Mya qui juge que l’industrie de la mode actuelle devrait se déconstruire et s’éloigner des schémas traditionnels pour représenter davantage la diversité des individus : “Il y a autant de façon d’être un homme ou une femme que de façons de représenter la mode. Il existe une multitude de façons d’être soit sans réellement vouloir être, ou s’identifier, à un genre en particulier.”
On devrait être libre d’être qui on veut sans se préoccuper des codes et des normes. Mya
Car comme Mya le rappelle, sa “particularité” ne la définit pas, loin de là : “Avant d’être une personne transgenre, je suis un être humain avec les mêmes besoins que n’importe quelle autre personne sur terre.” Elle confie avoir longtemps souffert des moqueries et du regard des autres avant de finalement, il y a un an de cela, se trouver. “J’ai passé le reste de ma vie à chercher qui j’étais” admet-elle. Grâce aux rencontres qu’elle fait, Mya apprend à “déconstruire le genre” et par la même occasion à se construire elle-même.
La mode a toujours été un endroit où me réfugier. Mya
Une construction de son identité qui se traduit également par le vêtement : “La mode a toujours été un endroit où me réfugier”. Aujourd’hui, Mya sait qui elle est “une personne avec des rêves, des espoirs, des envies et des regrets.” Et lorsqu’on lui parle d’avenir, la jeune femme avoue rêver d’une mode de demain “(…) avec autant de libertés et de possibilités de créer, mais aussi de porter, des vêtements de toutes sortes. On devrait être libre d’être qui on veut sans se préoccuper des codes et des normes.” Nous n’aurions pas dit mieux.