LE CONCEPT DU « BAS SEUIL »
« À l’inverse des grands châteaux médiévaux où il est ultra compliqué d’entrer, avec leur pont-levis et leur volée d’escaliers, on veut favoriser l’accès aux soins pour les toxicomanes. C’est gratuit, il ne faut pas prendre rendez-vous, il n’y a pas de conditions d’admission ni de nécessité d’avoir des papiers. Même la porte n’est pas verrouillée. Il suffit de la pousser, pas besoin de sonner », explique Anne Robert, coordinatrice de l’espace Alizés. Au cœur des Marolles, le lieu fait partie du service Parentalité-Addiction implanté dans l’hôpital Saint-Pierre. Unique à Bruxelles, il s’adresse aux (futurs) parents usagers de drogues. Le but ? Proposer une prise en charge précoce et un suivi postnatal.
« On a un rôle d’observation pointue des compétences des parents, du développement de l’enfant mais aussi un rôle de soutien, de soin et d’accompagnement dans la durée. On aide les femmes à se sentir mères, à avoir confiance en leurs capacités. » Ici, on vient se réchauffer, manger un croque- monsieur préparé par la boss, se confier, s’informer, travailler sur les questions de parentalité… et se détendre en famille aussi. Ultra coloré, l’espace est rempli de livres et de jouets pour bébés. Pour Anne Robert, Bruxelles n’a pas forcément besoin de plus de services spécialisés pour les mères toxicomanes : « Ce qui manque surtout, ce sont des relais dans les maisons d’accueil, des logements accessibles, du travail pour les personnes peu qualifiées… Les toxicomanes ont les mêmes besoins que la population en situation de précarité. Pour eux, retourner dans le monde “ normal ” semble très compliqué. On les aide à retrouver de la dignité, à oser revendiquer leurs droits. »